Bien qu’enthousiaste à l'idée d’écrire, et ce pour la première fois de sa vie, avant la cinquantaine, le tout au nom d'une promesse qu'il s'était formulée à l'âge de 20 ans. Perrier, le personnage principal, va sinon déchanter du moins et lorsqu'il estime donner un surplus de sens à ses journées, va buter sur bien des problèmes liés à l'expérience et la pratique littéraire : comment et pourquoi écrire et à qui ? Surtout lorsque sa propre vie apparaît bien pauvre en événements coruscants. Mais aussi quelle forme employer si, à l'image du personnage principal, l'envie de se raconter n'est pas une motivation majeure.
Face à ces gageures, Perrier use de grands (enfin presque) moyens entre autres lorsque, eu égard à des tests classiques de personnalité, l'auteur en herbe rencontre le type d’écrivain majoritaire : l’écrivain publié inconnu. À l’occasion de cette rencontre inopinée, il devient un peu plus précis sur les motifs inconscients qui l’ont conduit à tenir sa promesse  à écrire dans un début de siècle où l’espèce humaine se sent menacée par sa propre extinction. Ce qui à bien y réfléchir est absurde.
D'où cette, sinon autofiction, du moins auto-description analytique sur la lecture et l’écriture dans une époque où la littérature n’a aucune raison de mieux se porter que le reste du monde. Celui-ci est dominé par ceux dont le but est de s'enrichir quels que soient les moyens.
Dès lors l'auteur ouvre sa boîte de pandore. Du moins celle de son héros Et le roman devient une brillante charge parodique autant sur sur l’époque que la situation de la littérature. C'est un moyen pour l'auteur de se mettre en scène avec astuce er humour.

Jean-Paul Gavard-Perret

Nicolas Bouyssi , Vie 2, P.O.L éditeur, avril 2023, 384 p.-, 26€