Jupiter’s Legacy, « Civil War » post-Marvel

Jupiter’s Legacy, tome 1 – Lutte de pouvoirs

 

1932. Alors que l’Amérique est frappée de plein fouet par la crise, Sheldon Sampson organise une expédition sur une île mystérieuse. On ignore ce qui s’est passé exactement sur cette île. Mais une chose est sûre : lorsque Sampson et ses hommes repartent, ils ne sont plus les mêmes : ils sont affublés de pouvoirs extraordinaires qui feront d’eux des super-héros.

2013. Les enfants de Sheldon sont eux aussi des surhommes, mais n’ont nullement l’intention d’aider l’humanité, préférant profiter de leur célébrité. Les anciens super-héros, quant à eux, commencent à se déchirer sur le rôle qu’ils doivent assumer. Certains pensent qu’il faut continuer à servir les humains, d’autres imaginent qu’il faudrait peut-être carrément prendre le pouvoir par la force : ce sont les prémisses d’un conflit qui va diviser la communauté surhumaine…

 

The Authority, The Ultimates, Superman : Red Son, Wolverine : Old Man Logan, Civil War, Superior, Nemesis, Kick-Ass… Autant de comic books dans lesquels Mark Millar interroge le lecteur sur le rôle et la place du super-héros dans notre société moderne. Dans Jupiter’s Legacy, dernière production du scénariste britannique, il travaille de nouveau ses thèmes de prédilection, avec un panache qui fait plaisir à lire.

 

Il y a dans Jupiter’s Legacy un petit côté « œuvre somme », dans le sens où on retrouve pas mal d’éléments d’autres travaux de Millar. Le comportement et les idées de certains justiciers font régulièrement penser à ce qu’on a pu lire, par exemple, dans The Authority. Mais l’une des nouveautés ici, c’est que Millar les oppose à une vision plus classique du super-héros, presque vintage (et avec une certaine tendresse sous-jacente du scénariste pour ce genre).

 

Millar nous refait (presque) le coup de Civil War, l’event Marvel de l’année 2006. Sauf qu’à l’époque, n’étant pas propriétaire des personnages, et même s’il avait bénéficié d’une confortable liberté, Millar avait malgré tout dû se plier aux règles de Marvel et notamment rendre ses « jouets » en bon état. Hors de question pour Marvel de se séparer (trop longtemps) de licences financièrement très juteuses.


Sur Jupiter’s Legacy, il nous refait le coup du schisme entre justiciers, donc, mais avec la liberté totale que lui offre Millarworld, sa propre maison d’édition. Du coup, il peut virtuellement se passer tout et n’importe quoi, et c’est aussi un des plaisirs de lecture : personne n’est à l’abri.

 

Et là où Millar m’avait assez déçu ces dernières années (Kick-Ass, Nemesis ou Superior m’ont laissé de marbre), je dois avouer avoir pris énormément de plaisir à la lecture de son Jupiter’s Legacy. Ses personnages sont parfaitement décrits et profonds. Les situations sont intéressantes et les dialogues aux petits oignons. Millar parvient à faire du neuf avec du vieux : il recycle la mythologie super-héroïque en l’étirant dans tous les sens. Et ça marche !

 

Vous voulez lire du super-héros qui s’éloigne un peu des sentiers battus, c’est-à-dire en dehors de Marvel ou DC Comics ? Vous en avez assez de ces deux gros éditeurs ? Suivez mon conseil et jetez-vous sur Jupiter’s Legacy : c’est tout simplement un des meilleurs titres super-héroïque de ce début d’année !

 

 

Stéphane Le Troëdec

 

 

 

Mark Millar (scénario) et Frank Quitely (dessin)

Jupiter’s Legacy, tome 1 – Lutte de pouvoirs

Édité en France par Panini France (10 février 2016)

Collection Best Of Fusion

144 pages couleurs, papier glacé, couverture cartonnée

14,95 euros

ISBN : 9782809453454

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