L'exercice de non-retour de Pascal Quignard

L’origine de l’amour et sa fusion première font qu''ils demeurent impossibles. Car si tout homme, toute femme, qui assigne une fin à l’amour, n’aime pas. Tout être humain ou animal qui fixe un but à l’amour, n’aime pas. Face à un tel sentiment nous préférons des "objets" de transferts.
Ce roman (et bien plus) en fait le tour. Nous luttons contre lui tant la Fusion, protection et abandon de la naissance sont la source du sentiment amoureux qui se refuse et chez Quignard se transforme reforme d’une autre manière :  écrire.

Le  jadis d’un premier monde, d'un  temps pur s'efface dès les temps  les plus anciens de l’histoire où puise parfois l’écrivain pour nourrir ses intuitions. Il prouve comment s'opère  le détachement hors du couple amoureux, hors du fusionnel. Du point nodal où tout amour prend forme et racine il faut donc se détacher en préférant l'ombre à la proie. 

C'est comme si  le fond magique de l’amour et son emprise n'étaient pas fait pour nous. Mais ils rythment ici le rythme organique de l'écriture et sa parfaite maîtrise.

Jean-Paul Gavard-Perret

Pascal Quignard, L'amour la mer, coll. Blanche, Gallimard, janvier 2022, 400 p.-, 22 €
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