Sanda Voica : frontière et partage

Sanda Voica ne fait pas dans le disert. Avec pudeur et empathie  endosse les aveuglements des autres, met à jour leurs terreurs parfaites pour en faire des ravissements. Si bien qu’on se consume parfois le plaisir  à la seule pensée qu’on  pourrait jouir dans la chair de divers « monstres » que l’artiste évoque avec drôlerie et impertinence. Monstres pas forcément physiques d’ailleurs, mais états d’esprit voire une certaine folie. Celle que la poétesse endosse dans son « désert vertical ». Il fait écho à sa poésie horizontale (en hommage perpendiculaire à celle de Juarroz) mais jamais ras de terre.

 

Ses pensées elle les plonge dans le vinaigre en brodeuse de mots plus qu’en cuisinière. Chaud devant ! Les « feuillets du corps » laissent l’air les traverser, envahir l’espace comme des feuillets des autres. Entre la ville et la campagne, entre fromage ou dessert c’est Champagne pour tout le monde. Du moins à tous ceux qui ne sont pas revêches aux spéculations poétiques. Et à mesure que l’œuvre avance Sanda Voica, exilée de son propre exil,  ose de mieux en mieux, de plus en plus. Quelqu’un se montre en elle : gorgone, méduse, mélusine c’est tout comme. Fini les crucifixions le temps est venu celui des révélations innocentes ou non. Aimante et conquérante la poétesse avale le temps.

 

Jean-Paul Gavard-Perret


Sanda Voica, « Exils de mon exil », coll. Trait court, Passage d’encres, Guern, 2015, 5 E.


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