Patrick bauwen, Les fantômes d'Eden : un policier humaniste et haletant

Obèse, ruiné, quitté par sa femme, séparé de son fils, le docteur Paul Becker est en bien mauvaise posture lorsqu’il décide de tout quitter pour le Yellowstone où il a l’intention de vivre en ermite et de se refaire une santé. Las, le sort s’acharne et il est assassiné. Ce pourrait être la fin de l’histoire mais un ami est tué à sa place.


S’ensuit alors une enquête qui le mène sur le lieu de son enfance, à Eden à la pointe sud de la Floride. Un paradis tropical qui entre maisons à colonnes et alligators cache de bien sombres secrets.


Mais la mort a des avantages : il peut assister de loin à ses propres funérailles, photographier les visages des affligés et ceux que sa disparition réjouit. Il peut aussi se faire passer pour un journaliste, faire parler les témoins et remonter le fil du temps, car il en est sûr, sa mort, le nœud de l’histoire a quelque-chose à voir avec des évènements survenus trente ans plus tôt. Avec sa bande de copains d’alors et Sarah son amoureuse, ils partaient  armés d’un sabre de bois dans des aventures sans fin sur la mangrove, ou dans le cimetière à la poursuite d’un minotaure au cri étrangement humain, tandis que les liens tordus des adultes se délitaient dangereusement.

Il lui faudra beaucoup de ténacité pour comprendre que la mort du père de Sarah en 1979, un pédiatre au génie certain mais non reconnu, la fortune de sa mère les années qui suivirent,  le meurtre d’un marginal, la disparition de la jeune fille tissent le fil subtil d’une histoire au suspens ébouriffant.


Une fois de plus, Patrick Bauwen médecin de profession, auteur de Monster et de Seul à savoir livre un polar humaniste  et haletant où les tueurs si méchants soient-ils n’occultent pas la raison d’être du docteur Becker : sauver ses prochains et accessoirement sa peau.


Brigit Bontour


Patrick Bauwen, Les fantômes d’Eden, Albin Michel, octobre 2014, 643 pages, 22,50 €

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