Des messieurs bien tranquilles - Patrick Boutin

Patrick Boutin  nous confronte à ce que nous n'avons pas forcément la "chance" de connaître. D'où ces textes plateformes réduits parfois à deux lignes. Ils provoquent la surprise, celui de situations plus ou moins improbables - et bien plus que moins.

Nous sommes déplacés dans un univers où par exemple le menteur incorrigible et vegan dogmatique ne fait que raconter de drôles de salades sans jamais ne rien surjouer.

Si bien que dans la brièveté de telles nouvelles, le pessimisme ramène à des instants d'intensité farcesque au-delà du tragique de certaines situations. Les grands développements ne sont plus nécessaires.

L'auteur - là où tout est brume et gris - cherche moins l'émotion que le rire. Il enchante le réel le plus crasse, là où le comte Dracula donne des aulx à ronger et où le dépeceur de Mons voit sa marche entravée : il a laissé dans sa chaussure le petit orteil de sa dernière victime.

Il existe en effet dans ses nouvelles beaucoup de chair plus ou moins avariée. Boutin nous la fait savourer en la mettant sur des "grills" de lecture. L'histoire du sens se pense soudain autrement et permet 'interroger la complexité de ce qui se nomme vérité.

Nous avançons dès lors en cette recollection, de fiction en fiction, sans savoir qui et où nous sommes dans la certitude que - pas plus que l'auteur - nous ne saurions conclure.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Patrick Boutin, En deux coups les gros, coll. Microcactus, Cactus inébranlable éditions, février 2021, 70 p-., 8 euros

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