L'exil mexicain par Patrick Deville

Patrick Deville ne m'est pas étranger, pas totalement. Nous ne nous sommes jamais rencontrés, pas vraiment. Fontevraud, conférence sur Malcolm Lowry. C'était en 2009. Et puis d'autres détails résonnent en moi dans son excellent « Viva » : Trotsky et Malraux de passage dans la ville de mon enfance, les deux grands, le Proscrit et l'écrivain à Saint-Palais-Sur-Mer en Charente Maritime. Puis il y a la tumultueuse, Frida. Elle souffre, peint, souffre depuis son accident, peint. Je l'ai toujours aimée cette femme magnifiquement revêtue de couleurs mexicaines. Il y a aussi Artaud Le Momo qui m'a maintenue éveillée, mieux, en vie, quelques années où la dépression me gagnait. Rien ne m'est indifférent dans ce roman placé sous le signe de l'exil. L'Amérique du Sud, terre de repli, là où l'on se soude, se soutient, se rassemble, s'aime. Les couples se font et se défont. L’art à jamais ancré dans ces nouvelles contrées. On se débat dans ce marais de la création, on se saoule, on se drogue au peyotl. Rien n'est trop beau, c'est extra. « Pas une goutte de mezcal que je n'aie transmuée en or pur, pas un seul verre d'alcool que je n'aie fait chanter. » (Malcolm Lowry). On parcourt le monde sur les mers, on fuit, Trotsky craint pour sa vie. Diego Rivera accueille. Répond à des commandes, peint des fresques murales, aime et trompe Frida. Cette dernière a une aventure avec le russe. On se lie, on se délie. Puis débarque Breton et son surréalisme au         « pays de la beauté convulsive ». Mais pour Artaud ce dernier est passé de mode en France. Exit le surréalisme ! La IVème Internationale est en route...Patrick Deville épouse à merveille les us et coutumes de nos artistes et intellectuels, dans ce Mexique où beaucoup se joue. On aime cette immersion. On aime ces voyages. 


Laurence Viémont


Patrick Deville, Viva, Editions Seuil, août 2014, 211 p., 17€50


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