Modiano : tout ce qui reste

Tout ce qui reste est un rien. Pour autant l'enquêteur amnésique, narrateur à la première personne d'Encre Sympathique et ses effacements, pourrait presque se contenter de moins.

Il est vrai que Modiano pousse toujours plus loin sa recherche de la belle cause de l'oubli. L'auteur, par cette remontée vers la décennie qui ne cesse de le fasciner, rappelle qu'il n'y a pas d'origine même si en théorie une vérité suppose une présence originelle.

Que l'enquêteur soit sa propre victime par son amnésie ne fait que le souligner et ramène à un point essentiel : toujours passé, ce qui s'est passé sans être présent crée l'immémorial que donne l'oubli.

Si bien que – et ce livre le traduit par cette voix étrange au service d'une pensée qui pourrait semble altéré – tout commencement est recommencement. C'est là une sinon la leçon majeure de la fiction modianesque.

Sa persévérance en jeux de variations de plus en plus pointus, rapproche progressivement du secret de tout être dont l'entendement n'est peut être et tout compte fait vide et stérile là où l'oubli n'est qu'un au-delà du possible.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

Patrick Modiano, Encre sympathique, Gallimard, octobre 2019, 140 p.-, 16 €
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