Quand Badin badine... avec sérieux

La qualité de la poésie de Badin tient à l’intransigeance de son écriture. L’auteur met sobrement en pratique ses célébrations des paysages. Même lorsque la brume persistante s’effiloche, un pan de quelque chose mue. Ce n’est pas si fréquent.

Les aphorismes deviennent des corps au-delà des corps fidèles à la théorie de la figuration d’un territoire. Le poète prouve qu’il existe deux pôles à l’écriture : l’un réaliste pour lequel un paysage est un paysage et un autre à caractère symbolique qui permet de le recréer.
Que d’heures de soleil, de larmes de pluie, de sautes de vent, pour un seul fruit mûri ! en est un exemple

Badin avec le temps qui passe ne garde plus seulement un faible pour les paysages rudes. À son poste de vigie il sait mieux qu’aucun autre créateur apprécier les paysages familiers. La beauté des textes répond à la beauté du monde. Elle préserve un rapport plus qu’une traduction avec ce qu’elle évoque. 

Elle prend toujours un caractère particulier : le voyage dans le réel et le quotidien n’est pas un moment éphémère révolu puisque les poèmes traversent le temps. Loin de tout  "reportage" la représentation du monde est une re-présentation à savoir une transfiguration.  Elle fait perdurer le génie de chaque lieu et son  énigme.
Et de conclure : Du naïf végétal à la conscience humaine, nous sommes tous issus de graines remarquables mais faillibles.
 

Jean-Paul Gavard-Perret

Paul Badin, Rien, Encres Vives, février 2022, 16p-., 6,20 €

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