Spawn, le changement dans la continuité

Spawn – Renaissance, tome 1

 

Cela fait des années qu’Al Simmons, alias Spawn, le héros mort-vivant aux pouvoirs démoniaques, n’a plus fait parler de lui… De retour sur Terre, il est toujours décidé à venger la mort de son ex-épouse Wanda. Pour teste ses nouveaux pouvoirs et sa nouvelle arme, une immense épée, il a choisi de s’intégrer dans un quartier louche de New York, pourri par les gangs et la corruption. Mais très vite, la présence du démon va attirer l’attention…

 

En 1992, le dessinateur Todd McFarlane, qui a connu le succès avec son travail sur Spider-Man, claque la porte de Marvel pour s’en aller créer avec quelques autres artistes Image Comics, une maison d’édition indépendante. Il conçoit Spawn, un personnage qui va connaître un grand succès, au point qu’un film lui sera consacré, bien avant la vague actuelle des adaptations de comic books. Au fil du temps, Spawn s’était fait un peu oublier, et les ventes du titre baissaient lentement, malgré plusieurs changements de dessinateurs, McFarlane restant seule scénariste à bord.

 

Et puis arrive le numéro 250. Notez tout de même la performance, révélatrice de la popularité du héros : ces dernières années, peu de titres peuvent prétendre durer 250 numéros (mensuels !). Pour le numéro 250, donc, McFarlane a choisi de frapper un grand coup ; il laisse le scénario à Paul Jenkins, un habitué des productions Image Comics « historiques » : il a déjà écrit The Darkness, Witchblade ou (déjà) Spawn. L’idée étant de se délester d’une partie de la continuité (assez lourde) et ainsi permettre aux nouveaux lecteurs de se lancer dans la série.

 

Alors ce Spawn – Renaissance est-il facile d’accès pour les nouveaux lecteurs ? Oui… et non. Oui, parce que l’intrigue de fond n’est pas trop difficile à comprendre et on pige assez vite les enjeux et forces en présence. Non, parce que Jenkins ne réussit jamais à se détacher totalement de la continuité et très vite certaines références au passé et certains personnages ressurgissent. Ne vous attendez donc pas à un titre « newbie friendly ».

 

Jonboy Meyers récupère la lourde tâche de passer après Todd McFarlane ou Greg Capullo, qui ont marqué de leur empreinte le design de la série. Et pour le coup, le style de Jonboy rappelle un peu l’artiste Joe Madureira, si bien qu’on reste dans un « héritage » d’Image Comics de la première heure. Mais surtout, en même temps, l’ambiance graphique change, se fait un peu plus cartoon, et moins sombre et torturée.

 

Présenté comme une porte d’entrée pour les nouveaux lecteurs, ce tome 1 risque bien de les déconcerter, puisque toutes les clés ne lui sont pas forcément données : ce n’est pas un reboot complet de l’univers Spawn, mais bien un grand coup de balai dans un univers vieux de presque 25 ans ! Le tome 2 nous dira si Paul Jenkins laisse les nouveaux lecteurs prendre leurs marques. Et s’il faut chercher du changement, il suffit de regarder les planches de Jonboy, qui changent radicalement des designs précédents.

 

 

Stéphane Le Troëdec

 

 

 

Paul Jenkins (scénario), Jonboy (dessin)

Spawn – Renaissance, tome 1

Édité en France par Delcourt (2 mars 2016)

Collection Contrebande

160 pages couleurs, papier glacé, couverture cartonnée

15,95 euros

EAN : 9782756077062

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