Paul Morand : voyages tropicaux mais pas trop

De Palmyre à Bassarat, de Vancouver à Manille, en Panhard 20 CV ou Bugatti, entre un "Houla Houla" au Brésil et un "Kiss me Kick" au Mexique, Paul Morand est ici dans tous ces récits ou états de voyages.
Cela a bien vieilli, et non sans antisémitisme. Les textes sont devenus d'une banalité crasse sous le rococo du style. C'est du Pierre Loti et du Valérie Larbaud voir du Hergé en moins bien. Pas de quoi casser les pattes à un cheval. Le crépitement est figé. L'orfèvrerie stylistique est compassé et l'art de vivre désuet est celui d'une bohème plus ou moins jet-set avant la lettre.

Bref l'ensemble est poussif et ennuyeux, jusque dans le "bleu lessive gras" de la Méditerranée. Certes Morand reste un grand écrivain mais ce pensum est à éviter. Ici on tient les cuites, on boit glacé et chacun reste frais comme un gardon.
A force de se vouloir léger tout prend l'inconsistance liquéfiée dans l'extase dilettante de pages (plus de mille...) sur fond bleu d'eau de mer ou de piscine. Là où l'auteur bronze, rien de nouveau sous le soleil.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Paul Morand, Bains de mer, Bains de rêve et autres voyages, coll. "Bouquins", Robert Laffont, mai, 2019, 1088 p.-, 32 euros

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