Dans la jungle avec Miguel Bonnefoy

Décembre 2014, Miguel Bonnefoy, accompagné d'une dizaine d'hommes, entame l'ascension de l'Auyantepuy (littéralement la Montagne du Diable), l'un des principaux sommets du Vénézuela, dans l'idée de le redescendre en rappel et plonger dans la jungle en suivant le Salto Angel (saut de l'ange) pour plonger dans la plus grande cascade du monde. Même s'il précise lui-même l'incapacité des mots à transcrire le réel de cette incroyable expérience, il note au jour le jour les réflexions qui naissent du contact de cette nature foisonnante, dans laquelle il progresse difficilement. 

Si l'écriture est parfois un peu trop apprêtée, il y a l'effort poétique qui doit être salué, ainsi que l'exigence qui fait de ce carnet de voyage un récit : 

"Rien ne parle plus à un homme que la paix d'un fleuve. Toutes les inquiétudes se réduisent, toutes les passions s'élargissent. En le longeant, j'essayais de joindre ma langue à la sienne. Je cherchais des mots liquides, des accents écumeux. Comment tailler un adjectif pour qu'il ait la forme d'une racine ? Je me disais que la grande tâche de ce livre n'était pas de décrire la nature, mais de la servir."

Le voyage — qui est bien sûr aussi initiatique —, est vécu par le lecteur avec force et intérêt, d'autant qu'il peut s'identifier à l'auteur qui n'a rien d'un aventurier : c'est un intellectuel citadin qui accompagne un groupe d'hommes aguerris et poursuit aussi bien que possible sa progression tout en apprenant du monde alentour.

Loïc Di Stefano

Miguel Bonnefoy, Jungle, Paulsen, janvier 2016, 126 pages, 19,50 eur

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