Emmanuel Pierrat raconte 100 œuvres d'art censurées

L'énigme de Guillaume Tell de Dali où l'on voit un énigmatique Lénine en jarretière et sandale mit Breton hors de lui : au salon des Indépendants de 1934, il tenta de lacérer la toile avec sa canne. Le surréalisme a ses limites. On ne touche pas au père de la révolution Bolchévique. Et puis d’autres : L’exécution de l'empereur Maximilien 1er du Mexique en 1867 de Manet dans lequel le chef du peloton a les traits de Napoléon III, l'Origine du monde de Courbet, les cochons tatoués et empaillés de Wim Delvoye, la lampe à huile en forme de faune provenant de Pompéi, La liberté guidant le monde de Delacroix. Toutes ces œuvres disparates par le style et l'époque ont un point commun : avoir été censurées pour des raisons liées à l'érotisme, la politique ou la religion.

 

Dans ce choix de cent œuvres d'art censurées, Emmanuel Pierrat raconte anecdotes à l'appui, leur accueil et la raison de leur censure. La plupart des grands artistes ont été, à une époque de leur création, censurés, l'auteur en explique la raison souvent peu avouable par les pouvoirs, les clans intellectuels en place ou la fausse pudeur.


Brigit Bontour

 

Emmanuel Pierrat, 100 œuvres d'art censurées, éditions du Chêne, octobre 2012, 256 pages, 35 €

 

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3 commentaires

Ca a l'air intéressant, mais 35 balles, ça refroidit quand même  un peu , par les temps qui courent. Mais bon,  ce type de bouquin sans iconographie couleur manquerait d'intérêt....

Ce frère Pierrat est coutumier des anas un peu simples qui soufflent le souffre avec ce regard "moi je sais" sans jamais vraiment creuser les choses...

Cette histoire est étonnante et très peu connue : intolérance, homophobie  et manque d'humour peuvent vous ruiner vite fait une réputation papale. Je trouve sur le net la suite-savoureuse- de l'anecdote et je ne peux résister au plaisir de vous la faire partager :


Salvador Dalí frôle l'exclusion du groupe surréaliste pour son tableau L'Énigme de Guillaume Tell représentant un Lénine avec une fesse molle, et aussi, pour avoir tenu des propos réactionnaires.

Convoqué, Dali se présente malade, un thermomètre en bouche.

Pendant que Breton dresse le réquisitoire, il commence à se déshabiller afin, dit-il, de faire tomber sa fièvre. Puis il répond à ses accusateurs. Selon lui, sa fascination envers Hitler n’a rien de politique. Simplement, « la mollesse de cette chair hitlérienne comprimée sous la tunique militaire » provoque en lui « un état d’extase gustatif, laiteux, nutritif et wagnérien ». Quant à sa toile représentant Lénine cul nu (L’Enigme de Guillaume Tell), elle lui a été inspirée par un rêve. Or, le rêve n’est-il pas un des moteurs de la créativité surréaliste ? Puis, s’adressant directement au « Pape », connu pour son intolérance envers l’homosexualité : « Si donc ce soir, André Breton, je rêve que je t’encule, demain je nous peindrai dans nos meilleures positions avec le plus grand luxe de détails ».

Enfin, il affirme qu’Hitler est le digne successeur de Sade et Lautréamont, un génial metteur en scène de l’abomination. Excédé, Breton se prononce pour l’exclusion. Torse nu, Dali se jette à ses pieds, promettant sans rire qu’il n’a « rien contre le prolétariat ».

Ce numéro de haute voltige (mais aussi et surtout sa notoriété grandissante, dont le surréalisme a bien besoin) emporte l’adhésion de la majorité des jurés, qui rejettent l’exclusion.


Manifestement, Breton avait trouvé plus surréaliste que lui...