La nuit américaine de Jacques Monory

 

Évocatrices de la folie quotidienne ou meurtrière les œuvres bleues (mais parfois roses) de Jacques Monory conjuguent depuis 40 ans la reproduction fidèle du réel - notamment à travers des images traditionnelles et stéréotypées de la vie américaine - à toute une fantasmagorie onirique.

Cette percussion opère une indéniable impression de malaise, un sentiment de fin du monde, comme si les choses, et surtout la lumière et le soleil, étaient soudain devenus fous. On se souvient par exemple d’un paysage pour une fois non made in USA mais made in Meaddle East, un paysage égyptien avec sphinx et pyramides et comportant un texte comme "dactylographié" dans la toile.
Il l’intitule L’observateur et l’observé.

C’est à ce renversement ironique des rôles, exploité dans son ambiguïté, que nous convie le bel ensemble de la première exposition à New York du peintre. S’y comprend comment à partir de photos en noir/blanc qu’il crée lui-même ou qu’il découpe dans le presse Monory construit des images jusqu’à son autoportrait en rose et bleu sous la facture d’un singe ce qui pour l’artiste (au delà de la dérision) symbolise son désir de s’approprier le monde par mimétisme tout en jouant comme une sorte d’avertissement.

Ces clins d’œil complices au spectateur empêchent de se laisser prendre au piège de l’apparence trompeuse des tableaux de Monory, à leur thématique insignifiante et parfois doucereuse ou à l’inverse parfois hyperviolente à la manière des thrillers hollywoodiens.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

Jacques Monory, Exposition, Richard Taittinger Gallery, New York, du 12 janvier eu 23 février 2018.

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