Lucile Littot : devine qui vient dîner ?

Au besoin Lucile Littot ne se limite pas au statut de conteuse. Elle devient princesse propre à hanter des châteaux en Espagne à la Rubens. Elle s’inonde de Chanel n°5 et de lumière divine. Le tout déversé par une corne d’abondance.

Spécialiste de cérémonies secrètes et fantasmatiques mais où le réel n’est pas évacué en totalité, l’artiste scénarise certaines extases mais aussi des horreurs.
Le tout non sans humour.

Revêtues de costumes solennels, les corps sont à bout de forces. Ils viennent d’un bal chez Temporel, d’un camping de plage, d’une discothèque et forcément semble plus paresseux (comme l’animal du même nom) qu’empressés. Néanmoins le ciel n’est jamais loin. Mais sans savoir lequel. Celui du lit ou d’un plafond ?

Les femmes ne sont jamais habillées comme des nymphettes écervelées. Toute mini-jupette est exclue. Les robes sont bouffantes, froufroutantes à souhait. Leur style navigue entre le XVIème siècle Renaissance et le XVIIIème rococo. L’homme est plus quelconque. Il sent le prie dieu et l’eau bénite mais il faut toujours se méfier des attributs sacerdotaux qui peuvent servir à faire les femmes leurs otages.

Existent pour les unes et les autres bon nombre de parures et richesses bien que  ce qui y brille ne soit pas de l’or. Tout devient réminiscence des peintres de cour (Titien, Velazquez, Dali). Existe là un théâtre baroque où ce qui est fêté est la parade de l’amour plus que l’amour lui-même. L’artiste n’hésite pas pour ses mascarades et carnavals d’ajouter des bandes sons parfois imprévisibles.
On attend du menuet, il y a du Wagner.

L’ensemble navigue parfois sur une mer de laiton ou au sein de candélabres qui sont tombés du plafond. Les maquillages ont fondu. Le nom Venise devient symbole de mort. C’est moins du Duras que du Visconti. Les robes sont salies de larmes colorées suite à des vulgarités ou des crises d’hystérie. Bref les histoires sont troubles mais personne n’en possède la clé.

Jean-Paul Gavard-Perret

Bons Baisers De La French Riviera, solo show, Galerie Edouard Manet, Gennevilliers, 2018
Sur Un Air De Wagner, New Galerie, Paris, 2018

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.