Combinazione, fraudes, magouilles et compagnie

Voilà que ma récente lecture de Bernar Venet : entre opportunisme & suivisme tisonne en moi des braises toujours rougeoyantes et y réactive finalement sans peine la flamme anti foutage de gueule en matière d'art qui me fit écrire et publier, ici et là, maints billets d'humeur offensifs à l'encontre d'une production d'œuvres spécifiquement cataloguées contemporaines ou en direction de tel ou telle soi-disant artiste de ce genre si vaste, fourre-tout et n'importe quoi !post-moderne.
Si je n'en écris plus, estimant déjà, certes, y dépenser trop d'énergie et de bile en pure perte, c'est surtout parce que d'autres, à la voix plus qualifiée et mieux placée que la mienne en la matière, sont tout simplement bien davantage efficaces à mettre à jour et à dénoncer fraudes, magouilles et combinazione en tout genre en ce domaine.

Ainsi en est-il, par exemple, pour ne citer qu'elle, de la véhémente autant qu'amère protestation du peintre Philippe Levanthal, restant hélas toujours d'actualité, quoiqu'écrite en 2006 : Par le discours, on peut cautionner n’importe quoi. C’est à quoi ne manquèrent pas au Louvre, l’an passé, les organisateurs de l’exposition intitulée Comme le rêve, le dessin. On y pouvait voir, aux côtés d’admirables dessins de la Renaissance, tel coup de stylo à bille de Beuys zébrant une page, tel papier crevé de Fontana… destinés à consacrer, à grands coups de commentaires abscons, la pénétration du Louvre par le musée Georges Pompidou, tant il est vrai qu’aujourd’hui n’être pas contemporain, c’est déchoir. Rêvons donc à une autre époque, celle où la critique d’art ne serait pas, comme aujourd’hui, assimilée dans les revues à une publicité payée, où le critique ne serait pas inféodé aux modes issues de la mondialisation. Un vaste public aspire à autre chose. Il appartient au critique de l’aider à voir ; de révéler et de réveiller la sensibilité de chacun, d’être un commentateur éclairé, une main tendue entre le public et l’artiste – c’est déjà beaucoup. Selon Tristan Tzara, l’art est chose privée, l’artiste le fait pour lui. Une œuvre compréhensible est produit de journaliste. Mais précisément, il ne s’agit pas de faire seulement comprendre, ni pour le critique de substituer son ego à l’œuvre d’art, mais de la donner à voir, à aimer. 

Souhaitons seulement que le vent tourne maintenant : il y a plus que jamais urgence à ce qu'au lieu de trop souvent s'y perdre, l'art se retrouve pleinement lui-même dans des œuvres marquées – en fait avant tout comme à tout le moins il se doit, n'est-ce pas ! – du sceau d'un certain talent doublé de sincérité idoine.

André Lombard

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