Aimée Castain : à quand la prochaine expo ?

Ce n'est pas plus tard qu'hier matin de bonne heure, au chant du coq, presque, à cause de la chaleur, déambulant parmi les tout premiers visiteurs de l’annuelle grande foire agricole du petit village d'Ongles, dans le 04 (Alpes de Haute-Provence), que, dieu des rencontres fortuites et autres, Hermès s’est mis de la partie : venue là à ma rencontre, m’est donc aussitôt arrivée entre les mains, sans encombre, cette photographie d’Aimée Castainbergère et peintre, prise en septembre 1974 ; de plus, offerte avec le sourire de l’une de ses trois filles, Jeanine, la benjamine.
Ce qui m’a beaucoup touché, à vrai dire en signe à peu près certain d’Aimée elle-même, comme une tape sur l’épaule, un clin d’œil de sa part, à point, manifeste, en cette fête rituelle de toute la ruralité haute provençale !

Au moment où m'était tendue la rudement belle photo, nous avons tout de suite eu, Jeanine et moi, tous les deux ensemble, la même brûlante et tacite question sur les lèvres : en quelle lunaison sera donc organisée – quand organiserons-nous, sans doute plus sûrement ! – une prochaine exposition Aimée Castain ? Ce ne sont pas les belles huiles ni les grandes gouaches qui manquent pour en faire et en arrêter un choix, Aimée en ayant pas mal vendu, parmi les plus abouties et les plus représentatives de sa production, par ici, à la ronde autour de chez elle : dans le canton de Banon.

Une expo ma chère !
Mais où donc mon cher ?

Voilà... évidemment quelque peu caricaturé, ce que nous nous sommes dit, essentiellement !

Au Mucem peut-être ! Que diable, non, surtout pas ! D’abord ils n’en voudraient pas, n'en ayant que faire, et c'est tant mieux comme ça ; car à cette peinture au caractère si formidablement haut-provençal, si bien trempé, sied plutôt, davantage sur mesure, une humble ancienne bergerie de village, un vieux jas isolé en pleine garussailhe, ou une modeste chapelle rurale désaffectée, par exemple, voire aussi bien une rude bastide à l’écart, la tour reconvertie d’un pauvre pigeonnier encore partiellement couronné de carreaux vernissés, rouges et verts.
Autant de lieux empreints d’un tout autre esprit que celui régnant au sein des grands temples m'as-tu vu, quasi industriels, de la sacro-sainte culture officielle contemporaine, et qui se trouvent donc, eux par nature, forcément au plus proche de celui d'une telle remarquable autant que discrète création picturale en rien de rien intellectuelle  !
Des bâtiments, en tout cas à dimension humaine avant tout ; et, sis sur son propre terrain-territoire du piémont de Lure serait, de plus, encore le mieux, le plus adapté, de plain-pied, donc, avec les œuvres à accueillir dont c’est justement là le lieu, l'aire primordiale, le giron.

Pour s’y rendre à cette prochaine expo, pas d'autre fléchage nécessaire, n'est-ce pas, que celui d'un unique gros pinceau multicolore représenté à l'horizontale tel celui qui, tout un temps, indiqua si bien l'entrée du chemin au bout duquel pouvoir rencontrer le peintre. Il faudrait, idéalement, quitter en effet toute trace de bitume pour s’enfoncer à cru dans le paysage sur un chemin de terre constellé à foison de luisantes pètes de chèvres autant que de brebis, puis devoir assez vite abandonner la voiture, marcher, dès lors, tous les sens alors vraiment mis en éveil, au pas de l’âne, pas plus vite, plutôt moins, et puis se voir finalement récompensés, accueillis à bras ouverts par une vingtaine de toiles à peine, mais propres et généreuses à faire vibrer chacun et chacune sans tambour ni trompette en son for intérieur : comme en tous points Aimée-la-bien-nommée aimait recevoir si chaleureusement chez elle en toute bienheureuse simplicité campagnarde, que ce soit au Gubian, puis plus tard aux Bourbons.

Quoi ? Comment ? Pardon ? Mamie lavande, Aimée ?
Alors là, je regrette, et je sors de mes gonds : pauvres cons, autant que vous êtes, tous ceux qui pouvez le penser !

André Lombard

Articles connexes :

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.