Diane de Poitiers, l'Histoire derrière le roman

Ces dernières années, Didier Le Fur s’est affirmé comme un des meilleurs spécialistes du XVIième siècle français. Il a publié quatre biographies « royales » sur Louis XII (Perrin, 2001), Charles VIII (Perrin, 2006), Henri II (Tallandier, 2009) et François Ier (Perrin, 2015), qui ont fait date. La dernière surtout permet de jeter un regard neuf sur un règne et un Roi dont l’histoire avait été peu à peu recouvert par la mythologie. Il publie ces jours-ci un livre sur Diane de Poitiers qui prolonge cette approche.

 

Mythes et légendes autour d’une maîtresse royale

 

Didier Le Fur commence dans une première partie à raconter la vulgate qui environne le personnage de Diane de Poitiers : femme intelligente, cultivée, véritable amazone qui monte à cheval comme un homme, une beauté enfin qui émeut un François Ier, ce roi de la galanterie si typiquement française. Maîtresse du père, elle n’en jette pas moins son dévolu sur le fils, le futur Henri II, qui lui voue une passion malgré leur différence d’âge. Protectrice des arts et des lettres, Diane protège les siens et élève aussi les enfants de son royal amant, malgré la jalousie de la reine en titre, Catherine de Médicis.

 

Dans sa seconde partie, Didier Le Fur revient aux faits de la vie de la favorite, parfois très ténus, très loin de la vulgate présentée ci-dessus. Car au final on sait peu de choses de cette femme dont l’influence est très relative auprès d’un Henri II qui n’a rien du roi faible de la légende (qui est de plus réellement très épris d’elle, ce qui suscite la surprise de ses contemporains). De ce qui est sûrement établi, Diane de Poitiers protège son lignage et affirme ses droits, point. Quant aux arts, elle ne protège en fait que Du Bellay. Pourquoi tant de légendes autour d’elle ?

 

Les raisons d’un mythe

 

Les auteurs protestants et catholiques au XVIième siècle ont beaucoup critiqué la favorite parfois pour excuser un Roi dont le souvenir, suite aux guerres de religion qui éclatent après sa mort, s’est embelli. Elle est perçue comme son mauvais génie, allié aux Guises, face à une Catherine de Médicis malfaisante. Au XVIIième siècle, le président du Thou rédige une histoire où les femmes sont néfastes pour le pouvoir royal : Diane de Poitiers en prend donc pour son grade. Puis madame de La Fayette, en écrivant La princesse de Clèves, fait de la cour d’Henri II un paradis perdu de la galanterie et des arts. Critique envers le personnage de Diane, elle contribue pourtant à la naissance d’un véritable roman historiographique qui va largement survivre jusqu’à nos jours. Didier Le Fur se fait aussi l’historien de cette mythologie, passionnante. Sans verser dans la violence iconoclaste, voici un bel ouvrage d’histoire critique qu’on ne peut que recommander aux amateurs et au grand public.

 

 

 

Sylvain Bonnet

 

Didier Le Fur, Diane de Poitiers, Perrin, février 2016, 384 pages, 21 €

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