Corap, une injustice oubliée

Un spécialiste des questions militaires

Ancien chef du service historique de la Défense, on doit à Max Schiavon des biographies, comme celle consacrée au général Georges (Anovi, 2009), des synthèses comme Le front d’Orient 1915-1918 (Tallandier, 2014) et des essais comme Mussolini, un dictateur en guerre (Perrin, 2016). Il s’attaque ici à la figure du général Corap, ami et condisciple du général Georges, héros de la guerre du Rif et, selon le sous- titre de la biographie, bouc émissaire de la plus grande défaite que la France ait connue.

 

Une trajectoire brillante

La vie d’André Corap est tout d’abord celle d’un enfant issu d’un milieu modeste, un élève surdoué qui intègre Saint Cyr (où il rencontre Alphonse Georges) et en sort bien classé. Corap est jugé comme un excellent officier, plein d’avenir comme le notent tous ses supérieurs. Il réussit tout ce qu’il entreprend, que cela soit à l’Etat-major ou sur le terrain. Foch, Lyautey et Pétain l’estiment. En 1925, il est affecté au Maroc et y accomplit des exploits, comme la capture du chef Abd el-Krim. D’abord chef d’Etat-major de Weygand au début des années 30, il est à la veille de la guerre à la tête de la 2e région militaire à Amiens. Il ne cesse d’avertir Gamelin du mauvais état de l’armée française et de la nécessité de fortifier les Ardennes. Sans résultats…

 

La victime expiatoire

En mai 1940, il est à la tête de la 9e armée, constituée d’unités de 2e ordre, et échoue malgré ses efforts à repousser les nazis. Il n’est pas aidé, c’est le moins qu’on puisse dire, par le repli de l’armée d’Huntziger. Ce dernier s’en sort grâce à ses relations politiques (et aussi grâce à sa nomination comme ministre de la guerre en septembre 1940) alors que Corap est livré à la vindicte publique par Paul Reynaud lui-même. La biographie de Max Schiavon, précise et érudite, permet de réparer cette injustice.

Sylvain Bonnet

Max Schiavon, Corap le bouc émissaire de la défaite de 1940, Perrin, juin 2017, 400 pages, 23,50 €

 

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