Les Français en guerres, une histoire singulière

Historien de la guerre

 

On doit à François Cochet, universitaire reconnu de nombreux ouvrages sur les grands conflits contemporains et l’histoire militaire. On lui doit notamment Etre soldat en France, de la Révolution à nos jours (Armand Colin, 2014) et La grande guerre : fin d’un monde, début d’un siècle (Perrin, 2014). Récemment, il a publié avec Remy Porte une remarquable histoire de l’armée française pendant la grande guerre (Tallandier, mars 2017). Avec Les Français en guerres, il livre une étude sur le rapport entretenu par un peuple, dont les représentants déclarèrent la paix au monde en 1790, avec le fait guerrier.

 

Un rapport complexe à la guerre

 

François Cochet débute son étude avec la défaite de 1870 qui, au-delà du changement de régime, entraîne des réformes militaires importantes, tant au niveau de la conscription que des tactiques. Reste que la majorité des généraux de 1914 a tendance à refaire les mêmes erreurs, ignorant les conséquences de la massification des effectifs et de l’importance meurtrière du feu. La France s’est dotée d’une armée de masse, encasernée, avec des soldats de métiers cités en exemple pour les jeunes (mais incapables de voter). Une armée dont on attend tout mais dont on se méfie à cause de ses tendances réactionnaires… on retrouve en 1940 les mêmes ingrédients, la défaite en plus. A côté de ces deux conflits majeurs, les Français sont engagés dans nombre de conflits coloniaux, qui divisent une société militaire peu encline à en tirer des leçons pour la guerre en Europe…

 

La guerre évolue

 

Avec la fin de l’Empire colonial, puis du conflit Est/Ouest, on aurait pu croire à un déclin du fait militaire en France. On a assisté à la fin de la conscription et à la professionnalisation sous les mandats de Jacques Chirac mais l’armée française reste engagée sur de nombreux théâtres d’opérations, dans le cadre de traités bilatéraux comme en Côte d’Ivoire ou au Mali, ou sous mandat de l’ONU. Dans le même temps, la société française change, demande des comptes en cas de décès de soldats comme en Afghanistan en 2009, tout en restant très attachée à l’institution militaire. L’auteur formule à la fin de son ouvrage que les sacrifices des soldats soient enfin reconnus par la société. Pour une fois, on se permettra de s’associer à ce vœu.

 

Sylvain Bonnet

 

François Cochet, Les Français en guerres, Perrin, mai 2017, 450 pages, 25 €

 

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