La ruse et la force, une dialectique plusieurs fois millénaire

Quand un jeune historien attaque une gloire établie

Docteur de l’EHESS et professeur à l’université de Poitiers, Jean-Vincent Holeindre a consacré ses travaux sur l’étude des interactions entre la philosophie politique et de l’étude de la guerre. Il propose ici aux éditions Perrin un ouvrage issu de sa thèse autour du couple ruse/force dans l’histoire de la pensée stratégique qu’il fait remonter à Homère, via l’opposition entre le courageux Achille et le rusé Ulysse. Cet ouvrage se veut une réfutation du livre de Victor Davis Hanson, Le modèle occidental de la guerre (Les belles lettres, 2001) qui prétendait imposer sur deux millénaires une tradition occidentale de la bataille rangée, entre deux armées, dans la tradition hoplitique de la Grèce ancienne. Cette prédilection aurait expliqué selon Victor Davis Hanson l’échec américain au Vietnam mais aussi celui des soviétiques en Afghanistan.

Portée et limites d’une thèse

Pour Jean-Vincent Holeindre, la dialectique de la guerre en Occident se situe plutôt entre le culte du courage et de la force incarnée en Achille et la tradition de la ruse, incarnée donc la figure d’Ulysse. Holeindre entame ensuite un long périple de la Grèce à aujourd’hui, en passant par la Judée (via la figure biblique de Josué), Rome et le moyen-âge, traquant les multiples indices de cette dualité Force/Ruse. Il est souvent pertinent, parfois partial dans le sens où il ne retient que les éléments servant sa thèse. Reste au final un ouvrage stimulant, à discuter.

Sylvain Bonnet

Jean-Vincent Holeindre, La ruse et la force, Perrin, février 2017, 464 pages, 24 €

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