Écrivain français (ne en 1962) auteur de thrillers très remarquables

Couverture dangereuse, un premix de Philip Le Roy

Les admirateurs de Philip Le Roy, qui l'avaient découvert notamment par ses deux précédents romans parus au Diable Vauvert (1), vont être sérieusement déçus. Couverture Dangereuse est très loin d'égaler en qualités d'écriture et d'intérêt du sujet les précédents. En effet, il manque à ce roman… à peu près tout. Ce n'est pas en soi un mauvais roman, mais un roman laborieux et surfait, dans le style et le sujet même, surtout au regard des possibilités de son auteur. Mais Couverture dangereuse ne vient pas après, il était là avant et ses défauts réels (pardon, Philip, tu sais que je t'aime beaucoup mais...) ne font que plus ressortir les qualités des deux grands romans qu'il nous a donnés.

L'éditeur nous dit ceci :

« Une curieuse machination s'est visiblement mise en place autour de Red Coleman, farmer américain en voyage en France. D'abord cette pulpeuse créature venue l'accueillir à l'aéroport, qui prétend être Susan, sa femme, et qu'il n'a jamais vue. Ensuite, l'attentat au fusil-mitrailleur, auquel il échappe par miracle. Et enfin le changement de nom sur son passeport.
Depuis qu'il a atterri à Nice, il est traqué. On en veut à sa vie, à sa raison, et il ne comprend pas pourquoi.
Qu’a bien pu faire Red Coleman pour aimanter le plomb à ce point ? »

Les personnages sont trop attendus, comme la situation mainte fois vue, pour créer un véritable climat. On dirait un énième James Bond, qui ne surprend ni n'amuse plus. Rien de méprisable, mais rien de remarquable non plus. Ce n'est donc pas la critique d'un ouvrage que l'on va lire, mais l'éloge d'un éditeur, en l'occurrence d'une éditrice. Et voici pourquoi.

Beaucoup d'éditeurs signent pour un livre et, le succès n'étant pas au rendez-vous, une autre mouche les ayant piqué, les relations humaines n'étant pas comme prévu, ou que sais-je encore, l'auteur se voit refusé un second ouvrage. Et de voir errer d'éditeur en éditeur des auteurs de talent, comme par exemple Sarah Vajda qui était au Rocher (2) et qui n'y est plus : la qualité du livre nouveau est-elle en cause ? Non, absolument pas, mais il a été décidé que cet auteur ne serait plus soutenu, ou alors cet auteur est venu dans ce catalogue par le biais de tel éditeur qui ne travaille plus ici, donc dommage collatéral. C'est pourtant avec une politique de soutien actif des auteurs maisons et, pour la plupart, difficile littérairement et commercialement, qu'un Gaston Gallimard a pu forger au fil du temps de plus beau fonds littéraire de l'après Guerre. La mode est a priori passée...

Au Diable Vauvert, si l'on publie beaucoup de bons ouvrages et quelques merveilleuses choses, le soutien à son auteur est quelque chose de réel et, pour tout dire, touchant. Ainsi après le succès de deux très remarquable romans, tout naturellement la promesse est tenue et les précédents textes sont réédités, pour que l'on puisse relire et découvrir, disons, la gestation du talent, du grand talent de Philip Le Roy. Ce cas est assez rare pour être signalé. Mes félicitations, Marion Mazauric, cette attitude est très digne d'une profession qui l'est de moins en moins.


Loïc Di Stefano

Philipe Le Roy, Couverture dangereuse, Le Diable Vauvert, février 2008 (1re édition 1998),324 pages, 15 euros

(1) Le Dernier Testament et La Dernière Arme.
(2) Pour Contamination.
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