Écrivain français (ne en 1962) auteur de thrillers très remarquables

Philip Le Roy, "Marilyn X"

"Et toi, pourquoi aimes-tu autant Marilyn ? demande-t-il ? / - - Parce qu'elle a créée un mythe qui embellit le monde."

Marilyn ! un prénom devenu mythe, le sex-symbol absolu, la sur-femme immortelle et fantasmatique incontournable. Que de livres ont été écrits sur elle, que de documentaires, de  produits dérivés, et combien son image reste aujourd'hui encore le canon de la beauté !
Au terme d'une carrière finalement assez courte, 13 ans, l'inconnue Norma Jeane Baker meurt le 5 août 1962 dans la peau d'une actrice et chanteuse incontournable, mais dans des circonstances encore aujourd'hui très troubles, mettant potentiellement en cause les frères Kennedy, la mafia, la CIA... 

"[si les carnets de Marilyn] tombaient entre les mains de la presse, c'en était fini de la dynastie Kennedy, de Hollywood, d'Arthur Miller, de Ralph Greenson, de la CIA, de la mafia, de Sinatra et de tout le tralala. Bon sang, on avait le doigt sur le bouton rouge ! "

Partant des zones d'ombres de cette histoire hollywoodienne de l'Amérique des années 50-60, dans un road movie hommage aux fondamentaux de l'Amérique même, Philip Le Roy quitte les arcanes des origines de la Religion du Livre (même si le fait religieux en lui-même n'est pas absent de ce nouveau roman) et plonge dans le grand mystère de la mort de la super-star Marilyn Monroe. 
Tout part d'une escapade en couple, l'auteur-narrateur et sa femme "Coco", sur les routes de l'Amérique profonde. Dans un désert, la fumée d'une ferme incendiée, un corps calciné, quelques carnets rescapés des flammes, qu'ils décident de lire sur la route du bled le plus proche (et donc assez loin) afin de savoir à qui ils appartenaient. Et le choc de ce qu'ils révèlent va les faire ralentir, puis s'arrêter, afin d'en finir la lecture : les carnets dont l'écriture cesse le jour même de l'incendie (donc en 2012) parle d'une personne (relativement indéfinie) qui aurait partagé la vie de Marilyn Monroe après sa mort jusqu'à aujourd'hui... Mort factice pour échapper aux monstres aux trousses de la sulfureuse blonde trop gentille pour survivre dans un monde si pourri. Des monstres comme Sam Giancana (1908-1975), patron de l'Outfit de Chicago (la mafia sicilienne qui mit les Kennedy au pouvoir, auquel la CIA demanda d'assassiner Fidel Castro et qui  mit Sinatra sur le devant de la scène) contre lequel la frêle petite femme déjà fragile ne pouvait pas faire grand chose... 
L'hypothèse développée par Philip Le Roy est plus que plausible, voire même séduisante, et les faits qu'il utilise pour la passer étant réels, jusque dans leur aspect dérangeant (par exemple les détails glauques du week-end avant sa mort que Marilyn aurait passé au Cal-neva Lodge, résidence de Sinatra, et ce qu'elle y aurait subi), le lecteur sera tenté de suivre ses pas et, persuadé d'avoir compris l'astuce avant la fin (un jeu sur Jekyll et Hyde ?) ne pourront qu'être surpris par le dernier petit coup de dé d'un auteur qui maîtrise comme personne l'art de mener son lecteur où il veut ! Ecrit avec les armes d'un maître du thriller, ce roman se dévore et laisse au lecteur cette question en suspend, ce qui est le signe de sa réussite : et si c'était vrai, ce serait monstrueux, mais quand même...


Loïc Di Stefano

Philip Le Roy, Marilyn X, le Cherche Midi, mai 2016, 262 pages, 17 eur
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