"Les Jours fragiles" de Philippe Besson : un huis-clos en enfer

Dans ce huis-clos entre un frère et une sœur qui ne peuvent pas se comprendre tant la distance entre leurs vie est disproportionnée : Arthur est athée, homosexuel, drogué, Isabelle, pieuse, vierge, travailleuse, le courant passe pourtant. Car Isabelle pressent que son frère est un génie, mais qu'en même temps il ne peut "entrer souillé dans l'histoire". De son côté Arthur sait confusément qu'il va mourir même s'il lutte jusqu'au bout pour fuir à nouveau.


Philippe Besson s'est glissé dans le personnage d'Isabelle pour affronter Rimbaud du côté de l'intime et non du poète. Il parle à peine de sa poésie puisqu'elle même n'en savait presque rien, mais ce qu'il en dit suffit à faire revivre le génie de Rimbaud avec la grâce et la retenue, qu'on lui connaissait dans ses précédents romans.
De la même façon qu'il éclaire le personnage du poète en ne parlant que des six derniers mois du poète, il  réussit par petites touches, à travers des non-dits, des hypothèses à peine esquissées, à pressentir, avancer dans la connaissance du personnage. Donner un visage humain à un mythe adoré ou détesté dans un roman ayant la grâce.


Brigit Bontour


Philippe Besson, Les Jours fragiles, 10/18, janvier 2011 (première parution en 2004), 151 pages, 6,60 €

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