Philippe Besson, La maison atlantique. Roman implacable

Un homme et son fils de dix huit ans  passent des vacances dans leur maison du coté de l’Île de Ré. La mère adorée est morte  deux ans plus tôt et ce n’était pas un accident. Pour le garçon, le père homme d’affaires cynique et froid est responsable du drame.

 

Il aurait préféré partir avec ses copains plus au sud mais il s’est résigné pour « aplanir les différends, repartir du bon pied ». On ne connaît pas de plus mauvaises raisons. Dès les premiers jours, le ton est donné : « avais-je jamais existé pour lui ? », se demande l’adolescent.


Un couple de jeunes gens s’installe dans la villa d’à coté.  Leur jeunesse et leur charme sont  un dérivatif  au huis clos  qui est devenu très vite délétère entre les deux hommes.


Les parties de tennis succèdent aux dîners et aux promenades. L’ado commence un flirt avec une fille de son âge puis avec un garçon, c’est l’été, il faut faire semblant. Mais bien vite les démons reprennent le dessus.

L’homme mûr séduit la jeune voisine, la chute sera terrible.


Dès la première page le lecteur a compris que le livre sera implacable. L’adultère estival sera le prétexte à la vengeance dont rêve le narrateur. Le décor est planté, tout est en place. Une phrase, une toute petite phrase suffit  pour que se lève le tsunami qui n’épargnera personne.


Minimaliste, Philippe Besson écrit avec des mots brefs, des remarques acérées. L’ambiance est empoisonnée par la haine du fils.  Il est trop tard pour des retrouvailles, trop de reproches, d’absences de non dits se dressent entre les eux, l’issue ne peut qu’être fatale, elle est magistrale sur fond de crépuscule iodé, au rythme des vagues atlantiques.  Le crime est parfait.


Pour son quatorzième livre, Philippe Besson gagne encore en maîtrise et en talent ; impose une petite musique glaçante inédite et très séduisante.


Brigit Bontour

 

Philippe Besson, La maison atlantique, Julliard, 19 €

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