Philippe Grimbert, Rudik, l’autre Noureev : Entre Vérité et réalité

Philippe Grimbert évoque Rudolph Noureev dans la collection « Miroir » des éditions Plon qui a pour ambition de réinventer les grandes figures de l’histoire. Pari tenu haut la main.

 

Un thérapeute, Tristan Feber reçoit Rudolph Noureev qui lui a été adressé. Le danseur revient bouleversé d’un voyage en Russie où sa mère mourante ne l’a pas reconnu.

Fasciné par son illustre patient, le psychanalyste va vite écarter certaines règles de base de son métier : l’éloignement, les rapports uniquement basés sur la parole.

 

Entre émerveillement et curiosité, le psy rentre dans la vie de Noureev, part avec lui en tournée à New York, rencontre son entourage, est mis au courant de la maladie qui l’emportera.

Lui qui vivait par patients interposés un rêve de célébrité découvre en Rudik l’artiste absolu, immense, pour qui les désirs sont des ordres mais derrière qui se cache le petit garçon qui a abandonné sa mère pour la gloire et ne s’en remet pas.

 

La cure est d’une rare intensité : le russe qui a l’habitude de balancer des thermos de thé sur ceux qui ne s’exécutent pas a beaucoup de mal à se plier à des horaires fixes, à payer sa consultation. Ne comprend pas les réticences du médecin qui au début ne veut pas s’impliquer dans sa vie, le connaître en dehors des séances.

 

Mais bientôt, la stature du danseur impose une autre loi. Il s’avère que les fêlures de l’homme de l’art Feber/Grimbert répondent à celles de la star : le fils de tailleur ébloui par la magnificence du Palais Garnier quand il était enfant est devenu le confident d’un môme perdu de Sibérie, directeur du Ballet de l’Opéra.

 

C’est un double portrait que nous dresse Philippe Grimbert : celui de deux transfuges. Entre Vérité et réalité. Ce que la personnalité de Noureev dit de l’écrivain à travers l’admiration de ce dernier vaut toutes les descriptions.

 

L’auteur qui a connu le danseur ne s’était jamais autant livré depuis un Secret. Témoin, cette confidence à un confrère qui devant ses atermoiements lui dit : « Ne te fait pas si grand, tu n’es pas si petit. » Prodigieux.


Brigit Bontour


Philippe Grimbert, Rudik, l’autre NoureevPlon, janvier 2015, 175 pages, 

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