Philipp Meyer, Le fils : un souffle inouï

Eli, jeune adolescent Texan est enlevé par les Indiens en 1850 après avoir vu sa mère et sa sœur violées et tuées, son frère massacré, sa maison brûlée en l’absence de son père parti à la poursuite de voleurs de chevaux.
 

Peter, son fils à l’âme de poète dans un monde à peine pacifié mais ruisselant d’or grâce à la découverte des champs pétrolifères fera basculer l’histoire familiale à quelques générations d’intervalle, ne supportant pas la férule de son père centenaire qui a gardé de ses trois années passées chez les Comanches une volonté de fer, une empathie égale à zéro et les méthodes qui prévalaient sur la Frontière un siècle plus tôt.

Jeanne Anne, née en 1926  en bien des points semblable à son implacable arrière grand père sera celle qui démultipliera la fortune dans un vingtième siècle à peine moins violent que celui de la Conquête de l’ouest.


Suivant ces trois personnages courageux, torturés, à la fois témoins et acteurs de massacres et d’accidents, Philipp Meyer dresse un portrait des origines de l’Amérique moderne époustouflant. Dans des paysages féériques, une nature encore vierge au milieu du dix neuvième siècle, ni bons ni méchants ; que des individus bien décidés à s’approprier le bien des autres pour réussir et s’enrichir.


Les terrifiants massacres des Indiens répondent à ceux des Texans et nul n’a besoin de leçons de barbarie. Les Indiens maîtres de la traque, les Blancs, maîtres du feu des mitrailleuses ne font pas de quartiers pour ceux qui ont le malheur de se trouver sur leurs chemins respectifs.


Aucun machiavélisme chez l’auteur mais un souffle inouï pour saisir la face sombre du rêve américain.


Brigit Bontour

 

Philipp Meyer, Le fils, Albin Michel, août 2014, 560 p., 23,49 €

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