L’Allegoria de Philippe Pasqua est à voir au Domaine de Chamarande

Pour les Parisiens et les Franciliens, il est un endroit préservé dans son cocon naturel qui offre les joies du dépaysement sans trop de complications ; soit par un court trajet en voiture par la N20, soit par le RER C avec la gare à deux cents mètres du Domaine de Chamarande. Aucune raison alors de ne pas s’offrir une plongée dans cet écrin de verdure de plusieurs hectares encerclant un château et son orangerie pour venir y vivre une expérience artistique décoiffante…
D’autant que c’est la première grande exposition française de Philippe Pasqua, un parcours itinérant qui a débuté au musée océanographique de Monaco pour se poursuivre au musée royal de l’Ontario, à Toronto.

Depuis l’autoportrait découvert en 2014, cet autodidacte qui peint des toiles aux dimensions particulières et aux compositions spectaculaires – poses parfois osées, sujets sexuels et modèles qui rappellent Lucian Freud –, sans parler des effets tridimensionnels dus à l’épaisseur des matières ; le voilà donc qui s’éprend de l’espace et nous offrent quelques récentes sculptures à découvrir, soit à l’orangerie et au château pour celles qui ont des tailles raisonnables, soit dans le parc pour les monumentales œuvres.

Crâne brûlé et peint, mer de méduses en verre, requin de bronze (plus de dix tonnes) ou tête-totem en bois brûlé in situ la veille de l’exposition, en quelques pièces majeures c’est toute la philosophie de l’artiste qui se dévoile au fil des stations de ce chemin d’apprentissage que nous propose Philippe Pasqua…

 

Peintures et sculptures se défient, s’observent et se marient dans l’intimité d’un lieu qui célèbre cet attrait de l’artiste pour l’architecture humaine, ces maillages os-muscles-chair qui donnent des compressions, des concrétions, des sublimations selon l’angle de vue, ce quarante-cinq degrés qui lui est cher.
Il faudra voir, se mouvoir face au tableau, faire le tour complet des sculptures – à l'image de cette face déconstruite d'un côté, mais que l'on ne voit absolument pas si l'on arrive par la gauche –, le regardeur a, ici, un rôle important à jouer, il se doit de saisir toutes les nuances en reflets selon la lumière et les détails – matière, reliefs, expression – afin de ressentir cette force qui imprime chaque œuvre.

Jusqu’au 30 décembre 2018 vous attendent ces témoins d’un monde reconfiguré dans l’angle déformant d’un artiste généreux qui porte au-delà de notre première perception l’importance de l’environnement dans lequel nous évoluons chaque jour sans même nous en rendre compte.
En augmentant les petits détails dans des proportions gigantesques, Philippe Pasqua redonne, en quelque sorte, une perspective normale aux priorités qui devraient être les nôtres.

François Xavier


Philippe Pasqua, Allegoria, Domaine de Chamarande, jusqu’au 30 décembre 2018.

Tous les jours, juin-septembre (9h-20h), octobre (9h-18h), novembre-décembre (9h-17h)

 

 

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