Ariane Lopez-Huici : le corps dans tous ses états
Ariane Lopez-Huici sait que le réel reste sans réalité si l’art d’une certaine manière ne le cautionne pas. La photographe sollicite donc le corps afin de le faire parler par le noir et blanc en offrant de paradoxales monstrations où ce qui est considéré comme laid trouve une beauté chaude et glacée. La plasticienne introduit des « pièges » propices au glissement de l'illusoire et du psychologique vers le mental en ménageant des territoires chargés de provocations où le réel est proposé dans son aspect le plus nu non sans une théâtralité.
Surgit un dérangement optique qui déplace le centre de notre émotivité
visuelle vers quelque chose de plus profond. L’obésité est sublimée non par outrance
baroque mais par condensation selon une élégance qui rétablit un autre
équilibre.
Il ne s’agit plus de trafiquer le corps à coup de représentations en
gommages mais d’aller vers la nécessité
de saisir la vie. Le noir-et-blanc vertèbre une vision distanciée et crée une
image plus sourde. Si elle n’ajoute rien, elle ne retranche pas (au contraire).
L’artiste conserve de l’apparence que ce qui en a coulé et l’imaginaire développe
une épaisseur cachée. Ariane Lopez-Huici ne crée donc pas un monde de façades
mais son contraire. Le réel s’ouvre, se laisse écarter par un œil attentif
animé par l’impulsion du vivant et la pertinence de l’intelligence.
Jean-Paul Gavard-Perret
0 commentaire