Elizabeth Waterman : révision des poncifs

Elizabeth Waterman met un bémol sur les idées reçues sur les travailleuses des clubs de striptease aux USA. Il en existe plus de 4 000 dans le pays. Ils permettent la survie de près de 60000 serveuses topless, de danseuses stripteaseuses. Adeptes de chorégraphies autour d’une barre dans leurs numéros (parfois en appartements privés) elles trouvent une rémunération plutôt juteuse. Mais ces femmes sont comme les autres et moins travailleuses du sexe que des actrices, étudiantes, mères de famille ou athlètes en mal d’autres contrats. Il faut donc les dégager de tout ce qui est dit à leurs propos et sur les lieux de dépravation où elles s’exhiberaient.

La photographe crée en conséquence un travail de décodage en écumant les clubs de New-York ou de Los Angeles et avec l’accord des modèles concernées et portraiturées en noir et blanc ou en couleurs. Ces femmes dévêtues - dont la morphologie ne laisse rien ignorer et tout désirer - cessent d’être remisées dans le cadre de l’obscénité. L’artiste les défend face à ceux qui rêvent d’abuser de ce qu’elles offrent. La narration photographique propose une rupture face à ce que cache le surgissement de l’érotique. Elizabeth Waterman possède le goût des réalités à plusieurs étages : le monde ou une situation ne s’épuise pas dans le seul apparat d’une fièvre jouée. Elle est vécue différemment par celle dont c’est le métier.

Jean-Paul Gavard-Perret

http://www.elizabethwaterman.com

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