A bigger splash : Francis Hodgson

Des bords du Léman aux plages privés de Mulholland Drive mais sans négliger des lieux plus populaires, Francis Hodgson dresse toute une histoire de la photographie du siècle dernier à travers ce lieu. Quoi en effet de plus propice à l’image qu’un tel support ?
S’y rejoignent les poncifs visuels majeurs : le soleil, l’eau et ses miroitements, le mouvement mais aussi la statuaire de Méduses qui chaussent juste des lunettes pour éviter de se brûler les yeux.
Depuis le début du médium les fils ont donc pu voir la quasi nudité de leur mère quitte à travers la loi du Lévitique : Tu ne découvriras pas la nudité de la femme de ton père. Il est vrai que lui-même s’offre en ce même appareil. D’ailleurs le lieu est propice à mettre autant en valeur le masculin que le féminin – et la photo pré-homo ne s’en priva pas. Les Apollon comme les bellâtres se livrent à des plongeons qui sont un régal pour les photographes comme pour les sirènes admiratrices dont les lèvres se tendent sur de dives bouteilles aux liquides fluorescents. Tous les photographes – de Henri Cartier-Bresson, Gigi Cifali, Stuart Franklin à Harry Gruyaert, Emma Hartvig, Jacques Henri Lartigue, Joel Meyerowitz, en passant par Martin Parr, Paolo Pellegrin, Alec Soth, Alex Webb – y ont sacrifié avec délices.
Bref dans un même lieu existe en condensé un paradis terrestre. Hodgson s’amuse à rassembler les photos célèbres de dieux et de déesses avec lesquels les photographes n’ont pas cessé d’entretenir des rapports serrés. Le médusant répond au fascinant dans ce qui tint longtemps – sous prétexte de naturisme – à une exhibition de ce qui ailleurs ne devait avancer que masqué…

Jean-Paul Gavard-Perret

Francis Hodgson, The Swimming Pool in Photography, Hatje Cantz, Berlin, 2018, 240 p.-, 40€

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