L'étrange visite de Dominique Menachem Lardet

 

 

Dominique Menachem Lardet introduit des failles extraordinaires dans Lyon, la ville lumière où ses deux grands-mères (l’une Polonaise, l’autre Bressane) se sont rencontrées par l’intermédiaire du mariage de leurs enfants. Plutôt que de « figer »  le passé, la photographe l’ouvre pour en suivre les traces : elle sait se faire plus petite en sa traversée du réel pour qu’il devienne plus grand.


En des structures complexes tout reste offert mais distancié. Car si la photographe n'a cesse d'entrer dans l’intime ce n'est pas pour le hanter mais afin de rêver encore l'altérité. Fantôme ou réalité, « l'autre » qui est aussi une « même » sert d’abri à une identité plurielle. Celle-ci se définit par les montages qui abordent en parallèle les problèmes de la perception visuelle et la découverte du réel même si l’histoire qui se découvre reste opaque puisque Dominique Menachem Lardet se refuse au sentimentalisme exhibitionniste.


L’œuvre est explicite autant parce ce qu’elle montre que par ce qu’elle suggère.  Restent des  bribes, des reflets, des troubles qui renvoient implicitement à un hors champ significatif. Tout demeure, comme l’écrivait Mallarmé,  « à l’état de lueur du temps » mais à l’inverse de ce qu’estimait le poète il n’est pas question « d’en montrer la défaite ».


L’exposition devient un écrin labyrinthique. Il impose le questionnement du visible et de l’identité. L'intime n'est en rien un prétexte à des visions romantiques ou fantasmatiques. Pas plus à une atmosphère néo-réaliste. Chaque photographie reste une fête décalée. Et un hommage à celles et ceux qui ont fait ce que nous sommes.

 

Jean-Paul Gavard-Perrer

 

 

Dominique Menachem Lardet, « Elles deux », galerie Elizabeth Couturier, Lyon 1er ., du 19 janvier au 11 février 2017.

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