Julien Taylor : la  mémoire et son trouble

 

Taylor, dans la série d’installationsn »Trous de mémoire », présente conjointement l’objet réel et sa représentation photographique. L’artiste a réalisé par exemple une table de poker : de vraies cartes à jouer se mélangent avec la représentation photographique du jackpot. « Le comptoir » propose en chronophotographie la soirée d’une cliente dans un bar parisien. L’horloge au centre du bar indique réellement l’heure au moyen de vraies aiguilles qui tournent. Dans « Fool Screen » la façade ouverte d’un immeuble sur tous ses habitants offre une « vie mode d’emploi » visuelle. « Sale demain » devient une salle de bain abandonnée et son téléviseur qui trône au centre. Il fonctionne réellement : le tirage, découpé à l’endroit de l’écran, a été contrecollé sur un téléviseur réel et en marche.

Cette série de Julien Taylor devient une investigation dans la dualité du monde et de l’aliénation « culturelle » et urbaine par la mise en scène photographique capable de créer par sa structure des dissonances. L’objet physique de la photographie et la situation qu’elle dépeint semblent se démettre en un dialogue avec la mémoire d’images de l’observateur. Une langue visuelle et gestuelle propose à la fois un plaisir et une angoisse. Ils ne dépendent pas de l’authenticité du sujet, mais prouve la pertinence de la construction photographiquee comme outil d’investigation.

Jean-Paul Gavard-Perret

Julien Taylor, « Trous de mémoire », Circulations(s), festival de la jeune photographie européenne, Arles, été 2017.

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