Frédéric Faure et le bondage agricole

Fréderic Faure revisite l’essence extrême orientale du bondage qui traverse désormais bien des cultures dont la nôtre. Le corps humain est remplacé ici par les légumes et l’animal de consommation dans le but d’associer la nourriture et la sexualité : « La motivation de cette série est de forcer le lecteur à se questionner sur son rapport vis-à-vis de la nourriture et de la sexualité » écrit l’artiste. Mais son travail reste néanmoins ambigu. Pourrait apparaître une forme d’ironisation d’une telle pratique voire sa déconstruction.

Mais là n’est pas l’objectif du photographe dont le propos reste flou. Il prétend donner par son approche une autre vision de la convivialité autour de la nourriture mais aussi de suggérer une étape supplémentaire : « la nourriture ne prend-elle pas trop de rôles dans nos sociétés occidentales ? N’est-elle pas juste le reflet de nous-mêmes ? Au nom de la quête du bonheur, y a-t-il un lien entre exotisme alimentaire et exotisme sexuel ? ». De fait il y a loin du discours aux images.

L’insertion du bondage dans l’univers fermier pour en renouveler la tradition reste discutable et tient d’une vision plus drôle que pertinente. Ce qui se veut art de rupture permet moins de la métamorphose que du gadget face à futilité évanescente contemporaine tragi-comique et mortifère. Le légume se veut une nouvelle figuration de l’espace temps. Néanmoins le regardeur peut rester insensible face à un propos bien plus neutre et anecdotique que subversif.

Jean-Paul Gavard-Perret

 

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