L'image du silence : Sylvie Aflalo

 

L'oeuvre photographique de Sylvie Aflalo est le prix d'un paradoxe : tout joue entre le vide et le plein là où le silence se montre dans une sensualité aussi puissante qu'allusive. La femme disparaît tel un fantôme qui ramène aux ombres et rayonne d'une aura puissante entre éros et thanatos. Chacun peut se demander s'il faut-il voir dans ce mouvement l'effet d'une pulsion de mort. Mais l'abîme du néant est bloqué par la force des images là où pourtant la vision semble soumise à une forme d'entrave ou d'impossibilité.

L'effet de retrait demeure insistant : néanmoins la disparition et la dispersion est entravée paradoxalement par un effet d'excavation. La photographie devient un « souffle » iconographique aussi ténu qu’imperturbable parfois tragique mais nimbé d'humour. Au sein d'une spectralité il n'existe même plus l'écartèlement entre un désir et ses transpositions visuelles, dont parle Genette dans Palimpsestes.

L’image ne mime pas, pas plus qu'elle n'exalte le réel. Les entités visuelles suggèrent un monde perdu plus qu'elles ne dessinent les contours d'un monde déjà connu ou donné pour tel. La photographe lâche la proie pour l’ombre par effet de lumière avant une descente vers le silence sans fond.

Jean-Paul Gavard-Perret

Sylvie (Afflalo) Haberberg, Ma démarche 2.0.

http://www.loeildelaphotographie.com/fr/2017/08/05/article/159961304/sylvie-haberberg/

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