Katia Gehrung : Où et qui ?

En noir et blanc ou en couleur les photographies de Katia Gehrung,  en une forme de minimalisme baroque, créent les émergences impressionnistes du doute. La femme devient un signe calligraphique à forte puissance poétique ou représente une trace mélancolique parfois drôle, parfois inquiétante.

L’artiste souligne des gouffres de présences implicites. Le cliché devient un noyau à partir duquel se déploie une chorégraphie en plans fixes au sein d’une expérience parfois proche d’une puissance  abstractive. Elle devient la source d’une plasticité fragile et puissante vers un espace où tout se perd mais où subsiste l’ordre d’une pure émergence.

Le corps suinte du silence au moment où le néant pourrait bien le toucher sur les méandres d’une route ou sur le sentier des solitudes. Entre rêves et ténèbres là où tout peut encore se passer, en touches de lumière,  le corps semble épouser l’asphalte ou la terre à la rencontre du rien enseveli. Il reste néanmoins l’astre qui refuse de mourir.

Entre le tumulte des formes et leurs rétentions chaque prise est une énigme, une histoire sans parole mais créatrice d’une extase plastique. Sanarration devient celle du langage de l’image. Le modelage formel finit par avoir raison de tout. N’est-ce pas ainsi que l'art trouve sa plénitude ?

Jean-Paul Gavard-Perret

 

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