Séverine Métraz au Fotofever

Séverine Métraz (ici en compagnie d’Eric Ceccarini) a compris que, d'un visage, il ne faut pas retenir la prétendue identité mais la "visagéité". L'art peut la créer en s'arrachant à la fixité de l’identification sociale pour plonger vers l'opacité révélée par l’apparition d'un règne énigmatique. Fascinée par le portrait en peinture, en photographie et au cinéma la créatrice mélange mises en scènes et éléments réels.

Le portrait sort de la frustration qu’il peut suggérer par ce que Séverine Métraz et Eric Ceccarini ajoutent. Ses recherches photographiques offrent à son imagination toute liberté. Elle trouve l'espace nécessaire à toutes les audaces par les transformations qui opèrent des effractions fascinantes.

Par ce biais la photographe se fraye un chemin comme en dedans du visage par effet de surface en de longues vibrations de clarté et de jeux d'ombres. Soudain le dedans laisse monter la trace et l’ajour d’une existence prisonnière par l’éclat diffracté de la lumière sur la peau même si des éléments demeurent cachés.

Séverine Métraz ne cherche pas à satisfaire le regard et la curiosité par des images accomplies et arrêtées.
Elle crée le gonflement progressif de leur vibration ou l’amorce de leur extinction. L'artiste s’élève contre le désastre croissant de l'imaginaire et des effets de réel. Elle permet de passer de l'endroit où tout se laisse voir vers un espace où tout se perd pour approcher une renaissance incisée de nouveaux contours.

Il faut donc savoir contempler ses œuvres comme un appel intense à une traversée.

Jean-Paul Gavard-Perret

Séverine Métraz, (en collaboration avec Eric Ceccarini) Fotofever, Photography Art Fair, Carrousel du Louvre, Paris, du 9 au 12 novembre 2017.

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