Alison McCauley : Yes we Cannes – entretien avec la photographe

Alison McCauley renverse la règle inhérente aux reportages sur le Festival de Cannes et ses : interdiction au public.
Le lieu des VIP est franchit pour laisser voir le dessous de cartes. Il y a bien sûr les stars et leur body-guards, les femmes et hommes d’affaires mais tout autant les badauds et les fans. Ceux qui s’exhibent et celles qui se laissent voir. Les frontières ente l’exhibition et le voyeurisme se dissolvent selon une vision critique. Existent autant l’impression d’un brouhaha que sa dérision.
Preuve qu’Alison McCauley assure une hygiène mentale amusée face à la société du spectacle dans ce qu’elle a de plus caricaturale.

 

Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
Le café et le désir de savoir ce que le monde est devenu à mon réveil.

Que sont devenus vos rêves d’enfants ?
Je n’ai jamais eu l’idée de devenir une exploratrice intrépide de la jungle, toutefois je voulais devenir quelque chose de ressemblant mais dans d’autres domaines en un souci incessant de chercher, regarder et d’interroger le monde.

A quoi avez-vous renoncé ?
J’ai eu la chance de n’avoir à renoncer à rien bien que j’ai eu un temps de rejet et de doute sur mon travail dans la fin de mes dernières années de ma vingtaine et les premières années de ma trentaine mais maintenant je sais où je vais et ce que je fais..

D’où venez-vous ?
Je suis né au Royaume-Uni mais j’y ai mal vécu et je me sens beaucoup mieux en France et Suisse. J’ai passé beaucoup de temps dans ces deux pays.

Quelle est la première image dont vous vous souvenez ?
Une reproduction dans le livre de peinture de John Singleton Copley « Watson et le Requin».

Et le premier livre ?
Le Chat Chapeauté du Dr. Seuss.

Qu’est-ce qui vous distingue des autres photographes ?
Peut-être le fait je fais les choses sans le soucier d’entrer dans un genre particulier.

Comment choisissez-vous vos thèmes ?
J’avais l’habitude de programmer mes projets mais désormais je me laisse guider par mon coeur et mon instinct.

A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
Personne.

Quelles musiques écoutez-vous ?
C’est tout à fait aléatoire. En ce moment “Portugal The Man”.

Quels livres aimez vous relire ?
Les seuls livres que j’ai relus plus d’une fois sont “Le Quatuor d’Alexandrie” de Lauwrence Durrell, “Le roi des Mouches » de William Golding. Je les ai lus adolescente pour la première fois et je les ai relu pour voir ce que j’avais raté en les lisant trop jeune. Beaucoup chez Durrell, peu chez Golding. Mes deux livres favoris restent « La trilogie Cairote » de Maguib Mahfouz et « L’Attrappe Cœur » de J. D. Salinger.

Qui voyez-vous dans votre miroir ?
La plupart du temps celle que j’espère voir. Mais parfois c’est une étrangère.

Quels lieux ont valeur de mythe pour vous ?
Les forêts, les jungles et les déserts. Ce sont des espaces mythiques et spirituels pour moi.

De quels artistes vous-sentez-vous le plus proche ?
Mes amis photographes. J’en ai rencontré beaucoup d’abord en ligne puis en personne.

Quel film vous fait pleurer ?
Loin du Paradis. Je trouve que l’idée que la vie de personnes soient détruites à cause des préjugés et de la discrimination est parfaitement mise en scène. C’est un film si poignant, subtil et beau. Todd Haynes est mon réalisateur favori.

Quel cadeau pour votre anniversaire ?
Le financement pour mon prochain livre de photos ou un chaton tigré.

Que pensez-vous de la phrase de Lacan, L’amour c’est donné quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas ?
Je pense qu’il veut dire simplement que quand nous aimons quelqu'un nous ferions quoi que ce soit pour lui … ou cela pourrait signifier aussi que l’amour rend aveugle.

Et celle de W. Allen, La réponse est oui mais quelle était la question ?
Il me fait penser que c'était la question. Il me fait aussi penser à FOMO (fear of missing out). (la crainte de manque de ).

Quelle question ai-je oublié de vous poser ?
Le nom de mon prochain livre : Another Cannes.

Interview par Jean-Paul Gavard-Perret, le 23 mars 2018.

Alison McCauley, Another Cannes, Carnet d’Art Editions, Aix Les Bains, 2018. En vente sur le site Carnet d’Art.

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