Stephanie Pfriender Stylander : aubes et crépuscules

 

En dépit de leurs errances, les égeries de Stephanie Pfriender Stylander (dont Kate Moss) ne sont pas de celles qui se traînent aux pieds de leur Dieu en mirage en dévotion. De telles "pécheresses" n'ont pas à être sauvée. Il y a autour d'elles des vautours migrant des cieux de Judée ou de bouges où officia les Madame Edwarda aux défonces opiacées.

Les modèles au matin trouvent refuge dans les rues indifférentes aux bruissements d'orages qui regagnent le ciel. Que faire avec l’Absence ?
La photographe murmure à la noctambule sois qui tu es.
Apparemment elles n’appartiennent plus à l’espace terrestre. Il y a belle lurette que leur orgasme a précipité le crépuscule dans l’aube.
Mais "la brindille" marche en tant que présence source. Ses longues jambes graciles semblent sortir du bal des suppliciés chinois. Dieu jette son domino et son loup noir dans l’égout où marine le fantôme d’Héliogabale.

Le pied déchaussé et l’œil aspiré par le néant de telles modèles subissent la guerre des nerfs dans un New York ou un Paris qui devient la nef des écorchés. Elles y sont devenues les idoles païennes.
Fatiguées de commander des rites acéphales après le passage du dernier Visiteur elles marchent dans les rues comme une sainte de jadis s'est s’assise à califourchon sur la croix qui grince. D’aube en aube elles donnent à leurs seins la couleur de la foi là où il n’y a pas jusqu’à tuer Dieu qui ne soit prescrit par Dieu.

Jean-Paul Gavard-Perret

Stephanie Pfriender Stylander, The Untamed Eye, Galerie de l'Instant, Paris, novembre 2018

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