Anne Sylvie Henchoz : l'impératif catégorique

Anne Sylvie Henchoz cultive une certaine idée de la beauté. Elle est chez elle autant ironique que convulsive. Elle s'insère ici en ce qui  tient du livre érotique, d'enluminures, de félicité. Mais - et astucieusement - selon des présences sans présence - ou pas assez.

Le livre scénarisé habilement par Marietta Eugster rassemble une suite d’invitations et de scénarios pour de futures performances de l'artiste. Celle qui donne le titre du livre est elle-même un corpus de corps pour des pièces chorégraphiées.

Nulle contrefaçon dans une telle approche mais à l'inverse l'expression de la surprise . Plutôt que "d'asseoir la beauté sur ses genoux" à la manière d'un Rimbaud, la créatrice préfère un "stand up" sous différentes pratiques kinesthésiques.

La collusion du haut vol et de l'humour est au rendez-vous. La Suissesse ne lâche jamais le morceau, joue de l'artifice pour mieux embrouiller le voyeur. Comme les corps il s'y retrouve décentré.
Nous sommes loin des déserts de l'amour. Sans être pour autant véritablement dedans. Ce qui est sûr : "je est un autre". Quant à dire qui il est et où : c'est à la fois tout le problème et tout le charme de telles invitations au voyage.

Jean-Paul Gavard-Perret

Anne Sylvie Henchoz , Don’t forget to touch me, TSAR éditions, Vevey, 2018

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