Julia Jaeckin : fleurs du sud avec ou sans couronne

Les photographies de Julia Jaeckin soulèvent la nuit marocaine.
Les femmes sont parfois couvertes d'habits de cérémonies secrètes dégagées de tous les péchés d’Israël et d'ailleurs dans ce qui passe aussi par une étude de l'évolution des femmes dans la société maghrébine et par une mise en exergue de la beauté féminine.

Le photographe présente la Marocaine parfois moins comme femme que prêtresse. Elle donne à son corps un air sensuel. Les mains qu’elle lie ne le sont pas pour la prière ou le consolation. Ces femmes deviennent parfois les pages d'un l’album du soir au moment où les crépuscules s’offrent à la pâmoison de la nuit et font du voyeur son pégase des ténèbres.
Au besoin elles valseraient sur lui.
A elles le crime d’amour, a lui la fièvre de cheval.

Elles hantent son spectre en surgissant a demi-caché. L’histoire de l’œil prend un autre sens pour celles qui ne font peut-être plus de différence entre l’ange et l’ogre : tous deux sont prêts jurer pour elle leurs grands dieux ou jouer les amoureux transis.

En maîtresse de cérémonie Julie Jaeckin permet à certains de se rincer l’œil pour faire jaillir le diable de sa boîte. Mais il y a bien plus. Entre autres dans les photographies "de rue" où la femme redevient elle-même afin de témoigner de ce qui n'avance encore parfois qu'à pas comptés.
Et si de telles femmes désirent se retrouver loin des mains baladeuses, elles ne dorment que d’un œil avant de sceller la porte de leur chambre où des ombres mallarméennes rêveraient de descendre.
 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Julia Jaeckin, Morocco, Galerie Just Jaeckin, Paris 6ème,du 4 avril au 11 mai 2019

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