Directrice artistique, graphiste, illustratrice, photographe, plasticienne, vidéaste, Elodie Barattucci transforme le corps féminin par le jeu de l’intimité en la cachant aussi avec toutes sortes de formes. Pour elle créer revient à désarticuler les images grâce à un regard aussi espiègle, ludique mais plus profond qu'il n'y paraît.

Le corps comme tout "objet" lorsqu'il est identique à lui-même reste sans réalité. Et le corps dans sa réalité première n'est pas matière à représentation. C'est pourquoi l'artiste le déforme sans qu'il se transforme pour autant en une pensée ivre. Il devient une chambre claire.

L'idée n'est plus d'érotiser ce qu'il y a dedans : on est loin de la représentation du fantasme. Tout s'articule selon une circulation dont nous ne possédons ni la clef, ni la maîtrise. Le mutisme du corps se change en une chambre d'écho. Elle met en miroir ou en abîme l'organique et le mental.

Ce travail ne se contente pas de charger ou défaire l'apparence. Ce serait trop peu. L'artiste trouve des stratégies particulières. Elles coulissent entre elles, glissent dans les corps, entre les parois de la peau et de la chair. La profondeur est là où où se caresse le doute. Si bien que l'artiste par un tel jeu va où avant elle les mystiques flairaient.

Jean-Paul Gavard-Perret

Elodie Barattucci, Ultra-Book, Paris, 2019
Exposition : Corridor Elephant, Paris, août 2019