Stefanie Renoma : une visiteuse au Paradis

Stefanie Renoma aime les germinations intempestives de figurations érotiques, insolentes et poétiques. Êtres et objets sont traités selon une perspective ludique mais néanmoins profonde même lorsqu'il s'agit de photographies publicitaires de sa marque.
L'artiste ramène toujours à l'humaine condition mais selon un esthétique classieuse un rien kitsch. Chaque modèle devient parfois la métaphore d'un produit mais l'inverse est vrai aussi là où la photographie grignote l'inconscient.
Dans ses scénarii l'artiste évacue l’empâtement au profit de l’économie graphique. Son rôle n’est pas de faire corpus au monde mais de mettre à nu une mécanique libidinale. Elle l'inscrit au besoin en une dérision subtile qui oblige le regardeur à construire sa propre lecture.
La créatrice monte ses constructions là où une certaine débauche demeure paisible. Néanmoins elle écarte toute pusillanimité voire les vertus mal placées. Photographier revient à s’arracher à l'erreur mystique en des devoirs de drôlerie et d'érotisme non sans des effets de grandiloquence astucieuse là où certaines contorsions deviennent spéculatives au sein de stéréotypes qui éclatent en une volupté aussi drôle que sérieuse.
Des fesses se soulèvent entre la chaleur du vivant et la froideur du monde et obligent à repenser le réel. La rêverie sensuelle s'impose au sein d’iconoplasties en un univers aux perspectives multiples, au milieu d’un décor hors de l’espace et du temps. La puissance scénographique des œuvres possèdent une rare force et s'organise selon un imaginaire hors de ses gonds.
Stefanie Renoma ressemble à une chatte qui feint de dormir tandis que le regardeur ouvre la porte de ses œuvres. Et soudain ce n’est plus un félin qui bondit mais une salamandre qui s’éveille. Elle distribue ses fluides dans le lotus des images. S’y créent des concordances intimes.
Les images fondent sur nous. Surgissent des nuages d'after eight au rameau d'azur. Ils ne se posent sur des rideaux mais y font grimper. Une telle métamorphose propose des vertiges optiques qui se nourrissent d’énergies sensuelles et célestes mais aussi matérielles dans un essor qui est aussi un symptôme de notre temps de crise. D'où le titre d'un tel corpus.
Jean-Paul Gavard-Perret
Stefanie Renoma, Remember your future, Normal éditions, mai 2020, 300 p., 45 €
0 commentaire