Henryk Ross : l'invisible et l'innommable

C’est à Łódź que les nazis ont créé l’un des premiers ghettos. Y vivait un photographe : Henryk Ross. D'abord  reporter sportif, en 1939 il a été engagé par le Département des statistiques, pour une tâche spécifique. Il devait documenter tout ce qui se passait et ce que subissaient les Polonais. En particulier, il devait montrer comment les juifs polonais étaient exploités dans les usines. 

Il emportait son appareil photo partout, et relatait la vie en Pologne lors de l’invasion. Il mettait en danger sa propre vie en documentant la violence du ghetto. Il passait son objectif dans les fissures des murs, grimpait pour capturer les scènes terribles d’exécutions, les mauvais traitements et les menaces. Craignant d’être déporté il décida d’enterrer 6000 négatifs dans l’espoir que quelqu’un les trouve et découvre ce qui fut.

Lors de la libération du ghetto pour les Russes il fut un des rares survivants. Il retourna où il avait caché les négatifs et pu en sauver une bonne part. S'y découvre un point de vue unique. Il permet de rappeler l'horreur avec le secret espoir que de telles scènes ne soient plus jamais possibles. Ces photos ont été données directement par Ross à Lova Szmuszkowicz, plus tard Leon Sutton (1909-2007), un autre survivant du ghetto de Lodz qui les a amenés aux États-Unis lors de son immigration à New York en 1947.
 

Jean-Paul Gavard-Perret

Henryk Ross, Musée of Fine Arts, Boston, mars 2021

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