Colette Pourroy : traversées du silence

Pour Colette Pourroy,  Eve reste la première des femmes et l’archétype du féminin. A la manière des peintres religieux ou panthéistes, l’artiste transforme ses modèles en doubles par ce qui devient l’ébauche d’une histoire d’amour. L’attention de l’artiste à son sujet est profonde mais la façon troublante de le saisir évite l’anecdote. Les photos deviennent un récit énigmatique. Flous vaporeux, contrastes entre le blanc laiteux et le noir ne sont jamais des effets de style. Ils transposent le réel par une focale volontairement imprécise.
Une lumière  irradiante presque mystique se mêle à la sensualité. Ce qui ne peut se dire devient un chant visuel. Dans le huis clos d’une chambre comme au sein de la nature des dérives sont suggérées. Existent des histoires d’âme mais aussi de corps. Un tel univers ne cesse de faire penser à Virginia Woolf et à Duras (pour les histoires de plages). Le monde est labyrinthique, la sensation troublante.
Tourne toupie : les corps s’ouvrent à la lumière parfois en minuscules coulées. Une forme de mystère mêle un fond originel à un corsetage subtil. Émergent diverses ambivalences en de telles métamorphoses. Débordent des barques au-delà de l’étreinte : chaque photographie prend le large, quitte l’ombre ou en joue.  D'une telle porte. seule Colette Pourroy  possède la clé.

Jean-Paul Gavard-Perret

Colette Pourroy, Eve Réincarnée, André Frère éditions, mai 2021, 212 p.-, 26€

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