"Le Jour où la guerre s'arrêta", la fable messianique de Pierre Bordage

Errant à la recherche de sa propre voix intérieure et de ses souvenirs, un étrange enfant venu de nulle part interroge les hommes qu'il rencontre. Mais dans leurs âmes il ne lit que mensonges, violence, convoitise, tromperie et cruauté. Alors, afin que tous ces bruits de haine et de destruction se taisent, l'enfant ordonne à la matière de rendre toutes les armes inopérantes, et, avec bonne grâce, elle accepte de lui accorder un délai de sept jours. Sept jours pendant lesquels l'enfant doit à la fois retrouver son identité et trouver le moyen d'ouvrir la conscience collective des hommes à comprendre le monde et cesser d'y déverser leur haine et leur appétit de destruction.

"Je vis que Père et Docteur se ressemblaient même s'ils se chamaillaient sur des points de détail : les structures de leurs hiérarchies s'étaient cristallisées en eux. L'un, sectateur féroce de la médecine, l'autre; apôtre zélé de l'Eglise du dénommé Jésus Christ, avaient étouffé la subtile musique de leurs âmes pour permettre au lourd fracas des dogmes de résonner par leurs bouches."  

Le petit Théo - ainsi que le nomme une des femmes qu'il rencontre, c'est un signe... - est à la fois Le Petit Prince et le Christ rédempteur, qui parle à "l'énergie de la matière" aussi bien qu'aux animaux et aux hommes dans toutes les langues, et qui cherche parmi les hommes à leur ouvrir leur propre voie, à leur rendre leur âme accessible, loin du bruit paralysant des dogmes qui en font des objets. Il y a une belle offre de rédemption dans le parcours de l'enfant, parcours qui le mène de Paris à un désert, puis à l'ONU et dans l'ashram d'un sage. Mais sa réponse ne vient pas, et c'est en-deçà de l'humanité qu'il doit puiser pour espérer atteindre à la source même des âmes.

"Tu peux refuser refuser la vie dans laquelle on essaie de t'enfermer et parcourir tes propres chemins"

Pierre Bordage nous offre une très belle fable, faussement naïve, dans laquelle puiser un peu d'espoir par ces temps d'éruption des conflits un peu partout dans le monde. Comme s'il nous montrait un chemin pour ressouder l'homme au monde dans une paix universelle et harmonieuse. Et surtout, comme si Pierre Bordage rêvait encore d'un homme libre et bon...

Loïc Di Stefano

Pierre Bordage, Le Jour où la guerre s'arrêta, Au Diable Vauvert, août 2014, 283 pages, 148 eur
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