"Joséphine", femme et partenaire de Napoléon

 

Originaire de Nice, Pierre Branda est directeur du patrimoine de la Fondation Napoléon. Il a d’abord publié un Napoléon et l’esclavage, écrit avec Thierry Lentz, qui se voulait une réponse au pamphlet de Claude Ribbe. Il a enchaîné ensuite avec  Le prix de la gloire : Napoléon et l’argent où il analysait les finances de Napoléon et sa conception des finances publiques, puis La maison de l’Empereur en 2011. Joséphine est sa première biographie consacrée à un personnage (et quel personnage !) de l’épopée impériale.


De Marie-Rose à Joséphine


Sur elle, on a tout écrit depuis deux siècles. Pierre Branda part en fait à la recherche d’une inconnue car, malgré sa renommée, Joséphine de Beauharnais n’existait pas avant sa rencontre avec Napoléon. C’est Marie Josèphe Rose , dite Marie-Rose, Tascher de la Pagerie qui a vu le jour en 1763 à la Martinique, fille d’une famille noble venue chercher fortune. Elle passe son enfance dans la plantation familiale (à côté des esclaves) et est mariée à seize ans au fils de l’amant de sa tante ( !), Alexandre de Beauharnais. Alexandre se montrera jaloux et taciturne et accusera d’adultère Marie-Rose pour obtenir la garde de leurs enfants. Mais elle réussira à se défendre, à obtenir la séparation de corps (pas de divorce sous l’ancien Régime) et à garder Hortense.


La Révolution, malgré la sympathie qu’elle lui inspire, l’éprouvera durement. Elle y perd son mari et est surtout emprisonnée. La mort de Robespierre la sauve probablement de la guillotine et lui permet de récupérer une partie de ses biens. Marie-Rose devient avec Thérésa Cabarrus, une des reines du Directoire naissant, s’affiche avec Barras, l’homme fort du moment. Bientôt, on lui présente un jeune général corse, Bonaparte. Il va l’aimer et il va achever d’apprendre à son contact les usages des élites françaises. La voici devenue, pour la postérité, Joséphine…


Du  mythe à l’histoire


Pierre Branda dénoue le vrai du faux, réexamine les faits avec le soin méticuleux  dont seul un historien est capable car si une histoire d’amour a impacté l’histoire de France, c’est bien celle-là. Elle est probablement la seule femme que Napoléon Bonaparte ait aimé (les lettres qu’il lui envoie sont magnifiques) et le fait qu’elle n’ait pas pu lui donner d’héritier a altéré la destinée de l’Empereur : si cela avait été le cas, il ne l’aurait probablement pas répudié et épousé une princesse autrichienne (ce qui contribua à lui aliéner la Russie). Marie-Rose alias Joséphine est aussi une femme de réseau, intelligente et subtile (on est loin de l’écervelée d’une certaine légende noire), totalement capable de s’intégrer dans les milieux politico-financiers de l’époque et d’en tirer profit. Elle sait aussi jouer ses cartes face à une famille Bonaparte qui la déteste. Pierre Branda nous donne une biographie sérieuse et alerte, qui se lit aussi très bien et le critique, pour une fois enthousiaste, ne peut que vous la recommander.


Sylvain Bonnet


Pierre Branda, Joséphine, Perrin, janvier 2016, 464 pages, 24,50 €


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