Universitaire, écrivain, critique né en 1955, connu pour se battre contre les bien-pensants et les coteries littéraires qui ne savent que protéger une littérature creuse.

Pierre Jourde, La littérature est un sport de combat

"A détruire les statues, on risque d'en devenir une soi-même"
Jean Cocteau

Universitaire, écrivain et critique, Pierre Jourde est un homme-livre des plus complets. Et sa passion se partage : comme professeur, comme pamphlétaire, comme romancier, il a su créer autour de lui une famille de lecteurs attentifs et passionnés. Au fil des livres, s'est imposée l'image d'un écrivain précis, exigeant, mais aussi cruel et lucide, dans le regard qu'il porte sur la littérature des autres, et de quelques ratés désignés par leurs pairs pour être importants... Devenu célèbre pour le "grand public" par le Jourde & Naulleau, ensemble de textes assassins pour l'amour-propre de quelques figures médiatiques de la littérature contemporaine, il porte l'exigence de lecteur sur le moindre écrivaillon pour faire une exégèse stricte et révéler les faussetés de livres qui ne sont que tromperies au regard de ce qui le tient debout : la littérature !
Coup de poing, donc, pour cet écrivain-boxeur, qui dans sa vie privée aussi bien que publique a subis de nombreuses injures, insultes, agressions, et toujours pour ses livres — même ce bel éloge de son village, Pays perdu, si mal compris par ses amis et voisins au point qu'il échappera de peu au lynchage... Pierre Jourde, pourtant, à le côtoyer, est un être délicieux, fin, tendre et prévenant : alors comment expliquer qu'il soit si "méchant" avec ses contemporains et confrères ? est-ce de la méchanceté ou simplement un goût passionné pour la littérature et le dégoût des fausses gloires juste enflées d'elles-mêmes et tenant les rênes de la République des Lettres par un petit jeu du copinage et du pouvoir de nuisance des uns ou des autres ? Pierre Jourde, au milieu de l'arène, se tient droit, seul, encaisse, puis décoche ses coups, qui sont autant de romans magnifiques et qui tiennent toutes les promesses de l'exigence qu'il reproche de ne pas lire chez les autres... 
Alors, la meute contre lui lancée se disperse, les lecteurs et quelques fidèles passionnés auront raison des injustices : chaque roman de Pierre Jourde sera une nouvelle étape vers la reconnaissance de son vrai et beau travail, Le Maréchal Absolu, Festins Secrets, autant de très grands romans qui constituent aussi la marque de son opposition à la mollesse du temps, à la vacuité des style qu'on voudrait lui imposer comme modèle, à la bêtise des thèmes autour desquels se construisent les romans insipides qui caracolent en tête des classements des meilleures ventes...

La littérature est un sport de combat est retour sur l'œuvre de Pierre Jourde au travers des entretiens qu'il a pu donner au fil de sa carrière. Entretiens d'où extraire sa poétique ? disons, plus modestement — même si... — le portrait d'un écrivain, d'un homme, enfin, d'un combattant. 
Eric Naulleau a raison d'insister dans sa belle préface, celle d'un ami, d'un compagnon de route fidèle parmi les fidèles,  sur la solitude du combattant, "un homme seul face à des adversaires en nombre" qui, comme une "meute", voulurent le faire taire. En vain. Heureusement.



Loïc Di Stefano

Pierre Jourde, La littérature est un sport de combat, préface d'Eric Naulleau, Page centrale, "Dits et écrits", mars 2015, 481 pages, bibliographie, 17,90 eur

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