Soulages, suite

Dès qu’elle a eu connaissance des deux estimations 600.000 et 1.000.000 d’euros de la première toile de Pierre Soulages tout bientôt livrée post-mortem au feu des enchères, ma cousine Suzel qui n’a pas son esprit de répartie au grenier ni sa langue au fond de sa poche, s’est écriée tout haut, narquoise en diable : Dis donc, ça fait cher du linceul !
Mais ce n’est pas tout !
m’écrit-t-elle ce matin : Les trompettes de la renommée haut de gamme vont bientôt sonner à plein canon, pour ne pas dire à plein régime, à nous casser les oreilles, sans que personne n’ait rien demandé. Sauf, de toute évidence, depuis les hautes sphères, car, en effet, ne voilà-t-il pas, au moins le sais-tu, que le Président de la République présidera d’autorité un hommage – national donc, s’il vous plaît ! – dans la cour carrée du Louvre !
Pas étonnant tout cela, logique même : au nez et à la barbe de toute sensibilité avérée, de toute honnêteté intellectuelle et de toute générosité véritables, peindre comme un arracheur de dents ne serait-il pas en passe de devenir monnaie courante quand – par génie en son genre ! –, ratissant large, l’artiste contemporain se change bien trop souvent volontiers en people, escorté de près par ses actionnaires et autres gardes du corps commerciaux ?
Mémoire éternelle, dirais-je donc de bon cœur, pour conclure, envers Ernest Hemingway qui, sans jamais s'en laisser conter par qui que ce soit d'assermenté ou pas en la matière, usait au besoin de son propre et redoutable radar à merde pour démasquer vite fait, en un radieux clin d'œil, sombres fraudeurs et imposteurs, tristes sires, voulant la lui faire à l'oseille !

André Lombard

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