Toute la peinture au cœur de Francfort

Ce sont huit siècles ou presque d’histoire de l’art qui sont présentés dans cet ouvrage, du retable de Meo da Siena et son atelier, exécuté vers 1333, alignant autour d’une Vierge à l’Enfant et d’un Christ en majesté anges, apôtres, prophètes, saints et donateurs à une huile sur toile signée Ernst Wilhem Nay, de 1937, représentant La Sortie des pêcheurs, un tableau qui fut en son temps rangé dans la catégorie de l’Art dégénéré.
Au fil des pages, c’est une longue et foisonnante traversée des styles, des mouvements, des courants artistiques représentés par plus de trois cents peintres. Les noms les plus célèbres côtoient les moins connus, ce qui permet des découvertes nouvelles, des comparaisons et des rapprochements. Si ceux de Fra Angelico, Rembrandt, Lucas Cranach, Velázquez, Degas, Vallotton, Rubens, Munch, Lawrence apparaissent à l’évidence et évoquent aussitôt un style, une époque, un pays, une œuvre vue et revue, ceux de bien d’autres créateurs peuvent surprendre.
La lecture de cet ouvrage invite donc à faire de même pour Ferdinand Brütt, Johann Franciscus Ermels, Januarius Zick, Max Slevogt, Franz Pforr ou encore Fritz von Uhde, c’est-à-dire voir une œuvre signée par leurs talents et en saluer l’originalité.

 

Négociant, banquier, ami de Goethe, formé à l’esprit des Lumières, Johann Friedrich Städel (1728-1816) est pour son temps un homme de haute érudition, grand lecteur, amateur d’art convaincu, mécène généreux. Par testament, il lègue en 1815 à ses concitoyens quelque cinq cents tableaux et une vaste demeure au centre de la ville de Francfort. Ce sera le berceau du musée actuel. Il avait également pour projet de fonder une école pour les jeunes artistes. Son portrait nous est connu grâce à un dessin au crayon signé de Johann David Passavant. Avant d’être dans les bâtiments actuels, divers installations seront mises en place pour accueillir une collection sans cesse croissante.
Elle compte aujourd’hui 3 100 peintures, 660 sculptures, 4 600 photographies et plus de 100 000 dessins, gravures, estampes. De même que de nouveaux artistes sont accrochés aux cimaises ou exposés qui ne figurent pas dans le livre, comme Francis Bacon, Giacometti et Gerhard Richter.

De nombreux tableaux représentés sont accompagnés de courtes notices, rédigées en six langues, comme les textes d’introduction aux diverses périodes retenues. L’auteur explique ainsi les origines des évolutions stylistiques, les raisons de ces nouvelles sources d’inspiration comme a pu l’être l’Italie à la fin du XIXe siècle pour les voyageurs allemands, qui prendront le nom d’Allemands de Rome. Mêmes analyses concises et intéressantes, comme autant de jalons dans cette longue durée de l’esthétique européenne, que ce soit par exemple pour la Renaissance ou les grands du débats autour du symbolisme, du fauvisme et de la modernité.
Certaines œuvres font l’objet de vues plus détaillées, ce qui donne un accès de près au travail de la main, à la touche, aux contrastes. Professeure, ayant plusieurs ouvrages sur l’art à son palmarès, organisatrice d’expositions, Martina Padberg a étudié l’histoire de l’art à Göttingen et Bonn. Elle se fait ici un guide sûre et conduit le regard du lecteur pour son plus vif plaisir.  

Dominique Vergnon

Martina Padberg, Le Staëdel museum Francfort, 350 illustrations, 290 x 310, éditions Place des Victoires/Könemann, août 2019, 504 p.-, 39,95 €

 

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